Lieu de commémoration, le tombeau convoque un espace-temps en apparence trouble. Territoire de l’abandon (charnel) autant que de la survivance (spirituel), le motif du tombeau s’épanouit à l’intérieur d’un intervalle paradoxal. Il fédère le disparu au groupe, l’individu à la communauté, le micro- et le macro-. Il en va ainsi de la vie de l’homme et de l’histoire du monde. Perçues à travers le rite, celles-ci sont sans cesse tiraillées entre la continuité (la vie au-delà de la mort) et la rupture (les moments de bascule qui se confondent avec les strates d’une existence). Un tombeau pour Khun Srun (Éric Galmard 2015), sélectionné dans la catégorie « Regard du présent » du FIFF 2016 de Namur, part de ce constat. Raconter l’histoire d’un pays à travers la vie d’un homme, éclairer les dérives de la première à partir des soubresauts de la seconde. Khun Srun, écrivain cambodgien rejoint les Khmers rouges en 1973, un choix porté par une croyance qui progressivement se délite. Cinq ans plus tard, les partisans de sa propre cause l’exécuteront. Le destin tragique de Khun Srun évoque celui de son pays.
Article publié par “jacques demange”
Doctorant en études cinématographiques à l'Université de Strasbourg, passionné par le cinéma et ses images en mouvement.
Mes goûts sont assez éclectiques, bien qu'orientés principalement vers le cinéma américain (classique, moderne, contemporain), et italien (Michelangelo Antonioni, Luchino Visconti, Dino Risi, Dario Argento).
Je m'intéresse aussi au jeu de l'acteur de cinéma, à la comédie, au fantastique, à tous ces genres et registres qui travaillent la mise en scène et procurent des émotions sensori-visuelles.
Des premiers films d'Edison ou des frères Lumière aux blockbusters ou films d'auteurs contemporains, l'art cinématographique évolue, bascule vers de nouveaux supports, et transforme notre manière de voir le monde. D'une représentation à son appréhension, les articles que je propose cherchent leur place au milieu d'images qui, toujours, nous invitent à prendre position.