C’est un mouvement heurté et discontinu qui accompagne le générique d’ouverture des Quatre Cents Coups (1959). La caméra de François Truffaut et de son chef-opérateur Henri Decaë parcourt les rues du Paris de la fin des années cinquante. Dynamique du promeneur qui observe les immeubles et les maisons obstruant un paysage duquel se détache la Tour Eiffel. Le monument sera finalement atteint, filmé en contre-plongée, traduisant la présence d’un être osant lever la tête pour s’éprendre du monde. Car il fallait oser le mouvement, oser le sujet (coécrit et adapté par Truffaut et Marcel Moussy), oser fixer son regard sur une réalité trop quotidienne pour prétendre ainsi s’afficher dans toute sa merveilleuse beauté. Le premier long métrage réalisé par François Truffaut est intrépide et audacieux, innocent dans sa révolte comme l’enfance, premier âge de la liberté.