Comment appréhender Muriel ou le Temps d’un retour (1963) ? Alain Resnais semble nous forcer à détourner les approches habituelles de l’analyse. L’image ne dépend plus de mais constitue l’essence même du récit ; le montage n’associe plus mais fait voir la matière des interstices ; la musique fait entendre plutôt qu’elle accompagne. Ce n’est plus le critique qui parachève le processus visuel et sonore de l’oeuvre, mais celle-ci qui produit sur son spectateur un prolongement de son propre inconscient. Il nous faut ajuster notre regard à la fêlure d’un événement, d’une histoire et de sa mémoire. Un exercice auquel nous invite la publication récente du monumental Alain Resnais, les coulisses de la création (Armand Colin, 2016) de François Thomas.