Clint Eastwood et le western, longue histoire. Celle-ci commence en Italie aux côtés de Sergio Leone. Face à la caméra, Eastwood devient l’homme sans nom. Tranquille mais dangereux, silencieux, voire mutique, mais charmeur, l’acteur excelle dans le mystère et l’ambiguïté. En lui convergent les contraires devenus complémentarités essentielles. Le visage marqué, les yeux perpétuellement plissés, Eastwood assène ses répliques de la même manière qu’il appuie sur la gâchette, avec efficacité et maitrise. Quelques années plus tard, l’acteur passe derrière la caméra. Dans Un frisson dans la nuit (Play Misty for Me, 1971), Eastwood assure la double tâche de réalisateur et d’interprète principal. Ce dédoublement, aujourd’hui habituel, sera reconduit dès son second long métrage, L’Homme des Hautes Plaines (High Plains Drifter, 1973). Ressorti en salles cette semaine, ce western n’est pas seulement une variation autour du style de Leone, mais une véritable œuvre personnelle, à la fois genèse de la future manière du maître et synthèse de son héritage symbolique.