Boxe et cinéma américain font souvent bon ménage. Dès les premiers films réalisés par Edison et Dickson, les séquences de lutte remportent un grand succès auprès du public. Plus tard, ce seront les burlesques qui sauront saisir toutes les opportunités comiques du noble art. Sur le ring, Charlie Chaplin ou Max Linder esquivent les coups, multiplient les maladresses pour mieux triompher de leurs adversaires. À l’époque du classicisme hollywoodien, le film de boxe permet d’offrir au public un spectacle oscillant entre un optimisme triomphant (Gentleman Jim, Raoul Walsh, 1942) et un discours plus critique (Nous avons gagné ce soir, Robert Wise, 1949). Surtout, la boxe offre aux réalisateurs un véritable défi : parvenir à retranscrire l’intensité d’un combat, le suspense d’une lutte, la somptuosité d’une chorégraphie tenant tout à la fois des règles du ballet classique que de la liberté de la danse moderne. La ressortie la semaine dernière de Raging Bull (Martin Scorsese, 1980) prouve toute la densité que convoque cet exercice si particulier.