Un film de Αλέξανδρος Αβρανάς (Alexandros Avranas)
Avec: Chulpan Khamatova, Grigoriy Dobrygin, Naomi Lamp, Miroslava Pashutina, Ελένη Ρουσσινού, Lena Endre, Johannes Bah Kuhnke, Anna Bjelkerud, Lisa Loven Kongsli, Alicia Eriksson
Dans l’espoir d’une vie meilleure, Sergei, Natalia et leurs deux filles ont été contraints de fuir leur pays natal. Malgré tous leurs efforts pour s’intégrer et incarner la famille modèle, leur demande d’asile est rejetée. Soudainement, Katja, leur plus jeune fille, s’effondre et tombe dans le coma. Ils vont alors se battre, jusqu’à l’impensable, pour que leur fille puisse se réveiller…
Cette petite étiquette rouge portant une interdiction, là, sur la porte du frigo. La même dans la salle à manger, dans le couloir du logement familial, ici, là ou encore là. La rigidité des services d’immigration, les intérieur trop propre, les exigences multiples et intrusives imposées à cette famille qui sollicite l’asile.
C’est une critique acerbe que dresse Alexandros Avranas, celle où, dans un monde placés sous l’empire de pastels omniprésents, le vert pâle d’un espoir de survie renvoie aux gris frêles et aux nuances de blanc des procédures administratives et médicales. Acculés à s’aliéner dans un effort accablant de conformisme, tous ne résistent pas.
Alexandros Avranas aborde le syndrome de résignation, dont le décompte remonte à 1998 mais n’est reconnu comme une maladie que depuis 2014 en Suède. S’il a touché surtout les enfants de familles provenant d’ex-URSS et de Yougoslavie, les conflits actuels, plus ou moins médiatisés, laissent présager une hausse des cas.
Au delà du phénomène clinique, c’est un cri pour un sursaut d’humanité que lance l’auteur. Car oui, ce qui est effrayant est que la violence peut être méthodique, presque, élégante. L’inhumanité froide frappant une famille bien sous tout rapport, tel est l’univers du captivant Quiet Life.
Le jeu, parfaitement maîtrisés, des acteurs rend palpable le glacis qui s’immisce dans les rapports humains. La narration accentue la polarité entre le drame social et le sort réservé à des individus en suspens entre la paix et les menaces de mort. Avec ce nouvel opus à haute identité esthétique, l’auteur, récompensé du Lion d’argent en 2013 pour Miss Violence, souligne comment l’Etat peut parfois peser sur les destinées individuelles.
Un rythme trop lent ? Quiet Life est précisément un film sur l’attente malaisante pour les protagonistes, ce qui, par un impressionnisme savamment construit, se répercute sur le spectateur. Les premiers sont confrontés aux silences du maître invisible de leur destin, les seconds épousent cette conditions par une bande son des plus sobres.
Un très beau film à l’esthétique remarquable et qui pose un regard lucide sur notre temps.
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