En 1933, dans sa préface à l’édition française de Sanctuaire (Sanctuary, 1931), André Malraux décrivait le roman de William Faulkner comme « l’intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier ». Cette belle comparaison pourrait tout à fait s’appliquer à En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly, 1951), véritable fleuron du cinéma américain des années cinquante et l’un des plus beaux films réalisés par Robert Aldrich. Chez l’un comme chez l’autre, l’argument policier est détourné au profit d’une réflexion stylistique et humaniste portée par une forme âpre et tortueuse. Sa restauration, logiquement fêtée par une ressortie en salles, finit de prouver l’importance de ce film au sein de l’histoire du cinéma. Au cœur de ce voyage, en effet, la nuit semble tragiquement infinie.