Mis à jour le 14 septembre, 2014
A girl walks alone at night est le premier film projeté en compétition à Deauville 2014.
À Bad City, ville étrange, lieu de tous les vices où suintent mort
et solitude, les habitants n’imaginent pas qu’un vampire les
surveille… Alors, quand l’amour s’en mêle, c’est une passion
peu commune qui soudain s’embrase. Une passion couleur de
sang !
Le synopsis en dit long et peu tout à la fois … Ne comptez pas sur nous pour vous en dire bien davantage, il ne s’agirait pas de vous gâcher le plaisir … Avouons le, la réalisatrice ANA LILY AMIRPOUR brouille ici les pistes. Lorsqu’elle est interrogée sur son film juste avant sa projection, elle entretient le mystère, par timidité mais aussi intentionellement: « Je n’aime pas parler d’un film avant que les gens ne l’aient vu. Que puis-je en dire ? »
Le personnage est intéressant. Elle réalise son premier film à l’âge de douze ans, un film d’horreur pendant une soirée-pyjama. Elle se passionne ensuite pour la peinture, la sculpture, et la musique indie-rock, avant de partir pour Los Angeles y réaliser des films, dont plusieurs courts métrages sélectionnés dans de nombreux festivals comme Berlin, Londres, Édimbourg et Slamdance. Son univers est artistique, éclectique, moderne et enraciné, à la croisée entre le monde oriental et le monde occidental. Ce portrait n’est pas sans rappeler celui de Mia par certains aspects.
Sans rien vous dévoiler de son projet, nous pouvons vous dire que les images parlent d’elles même, la vampire qui suit n’effraie pas réellement, l’image léchée semble emprunte de références, de nostalgie, le jeu est avant tout affaire de maquillage et de musique. Le noir et blanc est sombre façon polar américain des années 50.
Le jeune homme dont il s’agit, semble lui aussi issu d’une autre époque, une sorte de James Dean débarqué dans un pays – jamais cité mais dont on devine qu’il sagit de l’Iran, dans une ville nommée Bad City
Certes, l’histoire est bien celle d’une vampire qui suce le sang, mais le concept est tout à la fois tordu et réapproprié. Dracula, tel un symbole, apparaît au grand jour, mais il est purement factice. On est bien plus proche de Only Lovers Left Aside de Jim Jarmusch que de Entretiens avec un vampire de Neil Jordan ou de Dracula de Coppola, ne vous-y trompez pas. Du film de genre, il ne subsiste réellement que les procédés sonores, ou les codes visuels.
Le style avant toute chose: les ralentis, la musique vintage ou indie-rock personnage, les danses, les clairs obscurs, les costumes et accessoires sont autant d’ingrédients avec laquelle la jeune réalisatrice compose, reléguant presque au second plan le scénario, le jeu des acteurs, et les dialogues. Le tout se regarde donc bien davantage sous l’angle du cinéma art et essai que sous celui du film de genre. L’originalité qui consiste à convier les deux genres eut été qualifiée d’inventive si Jarmusch ne s’y était pas déjà essayé.
D’ailleurs, A girl walks alone at night partage d’autres similarités avec Only lovers left aside, la lenteur maîtrisée, le mystère entretenu, l’omniprésence et la qualité de la bande sonore, la photographie urbaine et nocturne, mais s’en détache par ailleurs très nettement sur le ton, plus sérieux, plus grave, et sur le plan politique et culturel.
Au final, l’oeuvre et l’univers ont su nous séduire, et ne serait-ce que pour le matou, personnage principale des scènes d »ouverture et finale, nous vous le conseillons !
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