1967, pendant le Mardi gras. Françoise, pensionnaire d’un lycée catholique, fait un cauchemar où elle se voit brûlée vive. Persuadée qu’il ne lui reste qu’une seule nuit avant sa mort, elle fait le mur avec son amie Delphine pour vivre cette nuit comme si c’était la dernière.
La Morsure, premier film de Romain de Saint-Blanquat avait été projeté lors de la 31ème édition du Festival International du film fantastique de Gérardmer 2024 en respectant totalement la thématique vampirique. De fait, le long métrage s’inscrit dans la lignée d’anciens films avec ce grain de pellicule typique de la fin des années 1950 voire 1960, époque à laquelle se déroule le récit.
Le réalisateur impose une véritable identité tout en développant un héritage de l’expressionnisme allemand par un jeu d’ombre et de lumière, notamment en sur-éclairant les yeux des personnages tandis que le reste de leur corps et du décor sont plongés dans l’obscurité. De surcroît, nous notons une ressemblance avec le style des films de vampire qui ont pu faire la notoriété de Christopher Lee, le plus célèbre des Dracula et avec celui de Bram Stocker’s Dracula réalisé par Francis Ford Coppola en 1992 qui accorde une large place aux décors comme la forêt, les arbres morts, la nuit, le brouillard et les teintes bleutées. Citons encore le traitement particulier apporté aux couleurs et à la photographie mais également au son principalement constitué des respirations des personnages créant ainsi une ambiance lugubre dans laquelle le spectateur se retrouve immergé en seulement quelques minutes.
Il est difficile de dire dans quelles directions le film emmène le spectateur tant La Morsure oscille entre le récit initiatique du passage à l’âge adulte, le drame, la réalité et le rêve et comme le prévoit le titre, le fantastique en proie de référence aux vampires. Tout d’abord, le long métrage dure un jour et principalement une nuit, le moment où les créatures ténébreuses sortent à l’instar de Christophe interprété par Maxime Rohart, convaincu d’être un vampire à la recherche d’une victime. Celle-ci n’est autre que Françoise, brillamment jouée par Léonie Dahan-Lamort, persuadée qu’elle va mourir prématurément en témoigne son manteau rouge sang connotant la mort. Comme une vision à demi prémonitoire, la protagoniste rêve ou plutôt fait un cauchemar dans lequel elle se voit brûler vive. La modernité de cette scène provient par ailleurs de l’accumulation rapide de plusieurs images issues du film qui se superposent les unes aux autres permettant de brouiller les pistes sur le sort de Françoise.
Françoise semble poussée par une pulsion de mort dans La Morsure de Romain de Saint-Blanquat mais il s’agit finalement d’une pulsion de vie. Elle veut grandir trop rapidement et vivre le maximum de choses en peu de temps ce qui passe par une première expérience sexuelle avant une scène de feu finale représentant ainsi la mort, la lumière et le désir qui consume le personnage et la renaissance.
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