Mis à jour le 27 mai, 2018
L’avis Oui mais:
A genoux les gars aka Sextape (titre international) d’Antoine Desrosières possède la qualité suivante, non négligeable pour un film cannois : il n’est absolument pas ennuyeux, et, en ceci, il rejoint l’Honoré, Plaire, aimer et courir vite.
La comparaison s’arrête là. Le dernier Desrosières (ex star des nineties) se construit, selon lui et ses actrices co-scénaristes -ce n’est pas visible à l’écran- autour d’une histoire vraie que nous ne spoilerons pas ici.
Le film a une chance folle d’être en compétition à Un Certain Regard (en sachant qu’il a été refusé par L’ACID et qu’il sort de nulle part, Desrosières ayant eu des débuts certes glorieux mais qui datent d’une vingtaine d’années). Il est au carrefour du film « nanar » et de l’OFNI, il les frôle, sans l’être, par magie, peut-être par grâce. On peut lui reprocher une écriture parfois caricaturale, ou même le jeu particulier de certain(e)s acteurs principaux (ce qui est un peu embêtant quand le film tient sur les épaules et est scènarisé par le ou la dite actrice ou acteur principal(e)(s)).
D’une histoire trash et sordide sur le papier, ressort, contre toute attente, un film léger, comique, à la surface, sans larmes ni malaise.
Interdit au moins de 16 ans, A genoux les gars entend s’adresser justement aux 12-16 ans. Il pourra se rattraper sur le web en websérie justement, une nudité masculine par trop explicite ne pouvant être exposée à tous les regards.
Bien que le film possède sa propre originalité et identité, on peut penser aux personnages féminins forts de Divines (dont une actrice n’avait pas non plus un jeu à la hauteur du film) ou au Doillon de Carrément à l’Ouest, même si notre préférence va au Doillon, car sans défaut averrés, Doillon étant un maître du genre. A genoux les gars a pour challenge proclamé (dans So Film) de vouloir filmer la vraie jeunesse avec justesse contrairement (dixit Desrosières) aux films de Kechiche qui étaient à côté de la plaque. Mais qui peut filmer LA jeunesse ? Y’a-t-il seulement une jeunesse ? Qui peut avoir la prétention de la connaître, de l’incarner ? Au mieux l’artiste peut capter l’air du temps et portraiturer certains groupes composés d’individualité. Kechiche a un don particulier pour la direction la justesse de la direction de ses acteurs et l’art de capter des instants réels comme le faisait feu Pialat. Ce n’est pas ici le cas. Ce qui n’empêche : voir ce film à petit budget vraiment pas mal, malgré ses défauts, d’une petite équipe sympatique reste trè agréable; le film est décalé car il parle de choses graves et justement dans l’air du temps sans faire montre de gravité ni générer le malaise. Si le but était de faire passer un message, il n’est cependant pas sûr qu’il ait marqué sa cible.
L’avis Oui sans mais:
A Genoux les gars s’attache à un sujet difficile et n’a pas peur de s’y attaquer, qui plus est en choisissant une forme pour le moins audacieuse, la comédie. L’effet produit en soi est étrange, et de fait interroge. La première réussite du film est donc d’oser et de rendre de fait très accessible une réflexion, un point de vue bien plus accusateur qu’il n’y parait en apparence. D’un point de vue cinéma, le film use par ailleurs de quelques trouvailles rafraîchissantes, que ce soit l’habillage musical, le travail remarquable sur le langage et la langue (une extraction qui rend hommage à une langue très imagée, à l’instar du Ciel, les oiseaux et ta mère par exemple, mais aussi Carrément à l’ouest de Doillon). Si quelques doutes naissent chez le spectateur quant au côté réaliste du fait divers ainsi mis en image – notamment du fait de l’absence totale de larmes notamment, ou du fait de sourires laissés au montage quand les sujets ou les instants sont graves, l’inventivité de la scène finale, le relief qu’elle apporte à tout le film finit par l’emporter sur notre avis: le film est utile, audacieux et bon tout simplement !
Notre interview de l’équipe du film
Les photos de l’équipe du film:
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