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Comandante (The Commander) d’Edoardo de Angelis

Mis à jour le 31 août, 2023

Un film de Edoardo De Angelis

Avec: Pierfrancesco Favino, Luca Chikovani, Johannes Wirix, Johan Heldenbergh, Mario Russo, Lucas Tavernier, Massimiliano Rossi, Silvia D’Amico, Giulio Greco, Arianna di Claudio

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Salvatore Todaro commande le sous-marin Cappellini de la Royal Navy italienne. Par une nuit noire d’octobre 1940, alors qu’il navigue dans l’Atlantique, il tombe sur un navire marchand armé naviguant toutes lumières éteintes. Il tire ses canons sur le navire et le coule. Ensuite, le Commandant prend une décision destinée à entrer dans l’histoire : il sauve les 26 Belges naufragés qui autrement se seraient noyés au milieu de l’océan et les débarque au port sûr le plus proche, comme le prescrit le droit de la mer. Pour leur faire place à bord de son sous-marin, il est contraint de naviguer à la surface de l’eau pendant trois jours, visible des forces ennemies et mettant en danger sa vie et celle de ses hommes.

Notre avis: **(*)

Premier film en compétition projeté à la Mostra2023, Comandante se situe à mi-chemin entre le récit de guerre mystique cher à Coppola, Boorman, Cimino comme à Mallick (Apocalipse Now, Voyage au bout de l’enfer, La ligne Rouge), qui s’intéresse aux images qui traversent les esprits des combattants, l’évolution de leur psychologie face au pire, de la fascination que la guerre, le nationalisme et le combat peuvent exercer, à la perdition ou la résilience quand le tragique s’invite, et un récit poétique à la Moby Dick, qui entremêle figures atypiques, chants et poésie, érudition et lyrisme pour rendre compte, dans une distance étrange de la fascination qui anime des protagonistes embarqués dans une quête au retour plus qu’incertain, aux conditions particulièrement difficiles qui appellent l’instinct de survie, la camaraderie exutoire, ou la nécessité de s’échapper intérieurement. Le tout s’appuie ouvertement sur le charisme qu’exerce son héros (intéressant Pierfrancesco Favino crédible dans son costume de marin en chef) sur ses troupes, sa droiture, mais aussi, un pan de l’histoire italienne, qui peut paraître en premier lecture anecdotique mais qui présente l’intérêt de distinguer deux dimensions propres à la guerre, celle adoptée face à l’ennemi, et celle adoptée face aux hommes. Ce « comandante« , plutôt réussi sur le plan formel quant à ses intentions, ne figure pas totalement dans l’ère du temps. Peu novateur, il souffre de trop faire la part belle aux hommes, à une masculinité ambiante, sans apporter un regard qui le distinguerait des quelques chefs d’œuvre précédemment cités, sans parvenir à rivaliser avec eux sur le registre de l’intensité. La trame établie et annoncée par des voies off féminines (les femmes à quai, sirènes « terrestres » non suivies, qui tentent de prévenir leurs hommes de la fatalité inexorable de leur mission – et de les en extirper) se voit certes parfois relevé de quelques actions surprenantes, de quelques phrases intéressantes, mais à côté de cela, Edoardo De Angelis se voit quelque peu pris au piège de son intention réaliste, qui l’oblige à nourrir son récit de tâches répétitives, de rendre compte de cette répétition, mais en celà, à transmettre également l’ennui que rencontre les sous-mariniers dans l’exercice de leur fonction, coupés de tout, et amenés à partager collectivement un espace étroit, sans horizon, sans lumière, avec très peu de repères spacio-temporels.

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