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Portrait de la jeune fille en feu: De l’amour

Mis à jour le 30 juin, 2019

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma a illuminé la compétition du festival de Cannes avec une belle histoire d’amour . Il s’agit d’un amour interdit, intemporel et improbable. Subtile, délicat, fin, et sensuel, bénéficiant de dialogues épurés et volontairement minimalistes, Céline Sciamma se risque à un cinéma que l’on pourrait qualifier d’académique qu’elle agrémente subrepticement de saillies fantasmées, de variations infinitésimales que ce soient dans les dialogues ou les regards.

France – 1h59 – sortie 18 septembre 2019 – ScŽnario et rŽalisation : CŽline Sciamma AVEC: NoŽmie Merlant, Adle Haenel, Luˆna Bajrami, Valeria Golin

Les images sont belles, chatoyantes, les décors de la baie sauvage de Quiberon se prêtent parfaitement à l’intemporalité, à l’universalité. Les intérieurs sont spacieux, eux aussi assez intemporels. L’un comme l’autre offre des cadres propices aux intentions de la grammaire visitée par la cinéaste: voiles, drapées, fenêtres cadrent le regard quand les grottes, les landes, les bancs de sable, les falaises, et l’océan permettent le mouvement, la fuite, l’horizon lointain.

Toutes ces intentions artistiques seraient vaines si la direction d’actrices n’était très étudiée: les jeux sont millimétrés notamment celui d’Adèle Haenel très juste, très à l’écoute, et bluffante. Les silences, les respirations, les postures servent d’écrin aux dialogues essentiels, permettant d’en traduire la puissance. Car Sciamma cherche à restituer une histoire d’amour qui passe par les sens, le visuel, mais aussi l’intellect.

Le film propose en thématique secondaire un éveil a l’art ou plus exactement un regard sur la peinture et la musique. Le personnage interprétée par Adèle Haenel, la jeune fille en feu, n’est en apparence pas liée à l’art, elle semble vierge de toute éducation et vivant sur une ile isolée, surprotégée par une mère craintive, n’y a que très peu accès.

Elle s’y avère pourtant prédisposée, elle surprendra l’artiste peintre quand la discussion s’engage sur le sujet.

Sciamma choisit le 360° sur l’amour, dans une entreprise cinématographique, quoi que la mise en abyme avec la peintre puisse également faire sens. La cinéaste s’intéresse donc tout naturellement, après le regard interrogateur, après le sourire, après le rire, aux rapprochements des corps, aux rapprochements des lèvres, et propose, notamment, une scène de baiser dont d’aucuns notera l’originalité du point de vue.

L’amour est tour à tour suggéré, interrogé, vécu, refusé, refoulé. Il alimente pleinement le film, particulièrement réussi.

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