Mis à jour le 2 juin, 2021
Manu dort sur la plage. On lui propose une mission payée 500 francs: récupérer une valise chez un nommé Michel Michel et la livrer à quelqu’un. Il vole alors une Mercedes et embarque son meilleur ami Jean-Gab. Mais, à peine partis, les deux pieds nickelés découvrent une mouche géante coincée dans le coffre de la voiture. Ils ont alors une idée de génie : se faire de l’argent avec la mouche en la dressant.
Après plus de six mois de fermeture, le nouveau film de Quentin Dupieux était tout indiqué pour la réouverture des salles du cinéma. Ce road-movie ensoleillé et particulièrement drôle, avec un mélange de la comédie légère et du fable symbolique, a du potentiel pour attirer les spectateurs.
Dupieux n’est jamais aussi bon que dans les formats courts, très souvent ses films ont tendance à se liquéfier une fois l’absurde posée. Dans Mandibules, il fait le choix de la patience, évite les répétitions, et amène son histoire et ses personnages d’un point A à un point B.
Avec son regard ironique et son point de vue nihiliste, Quentin Dupieux s’approche sensiblement de l’univers des frères Cohen. Il cite volontiers No country for old men dans ses récentes interviews (notamment pour faire référence à l’histoire de la valise), mais nous pensons en premier à The Big Lebowski. En commun avec le héros qu’interprétait Jeff Bridges (The dude), le personnage principal de Mandibules, Manu, vaurien naïf et un peu simplet se trouve au milieu d’une situation imprévue et incontrôlable, de plus en plus surréelle. Il réagit tel un personnage Cohénien, c’est-à-dire de façon totalement bête. Ce qui ne l’empêchera pas de réussir sa quête, la chance étant de son côté.
Mandibules embarque le spectateur dans un voyage imprévisible. Du début à la fin, dans chaque épisode, nous sommes incapables de prédire le tournant de l’histoire, pas plus que les réactions des personnages. L’accident et l’absurdité dominent le scénario. Tout se passe par hasard, dans une logique qui n’appartient qu’à Dupieux et à son imaginaire qu’on ne présente plus. Il se joue constamment des attentes du spectateur, prend les chemins de traverse, comme ses personnages, et retombe le plus souvent sur ses pattes.
La mouche géante représente un « signifiant vide », qui, pour citer Laclau reprenant Lacan, ne doit pas s’entendre comme un signifiant sans signifié, mais comme un signifiant équivoque ou ambigu. Nous n’essayons pas de l’interpréter ici. Mais nous aimerons rappeler un des propos de Dupieux lors d’un entretien avec Les Cahiers du cinéma, qui peut nous aider à interpréter le plan symbolique du film et le point de vue politique/social proposé. Dupieux cite son inspiration de départ pour le personnage joué par Adele Exarchopoulos: Greta Thunberg …
David Marsais et Grégoire Ludig, le célèbre duo du Palmashow, ne s’éloignent pas de leurs compositions habituelles. A contrario, Adèle Exarchopoulos, drôle et captivante dans son rôle, montre une façade tout à fait différente de son talent d’actrice.
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