Dans un petit lotissement de la province française, trois personnes sont aux prises avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Marie est victime d’un chantage à cause d’une sextape. Bertrand découvre que sa fille est harcelée au lycée. De son côté, Christine, chauffeur VTC, ne comprend pas pourquoi les notes données par ses clients refusent de décoller. Tous les trois vont alors décider de partir en guerre contre les « géants d’internet ».
15 ans après Aaltra, leur premier film, Gustave Kervern et Benoît Délépine choisissent une nouvelle fois comme point de départ une quête sociale assez engagée, mêlée d’un humour noir. Un engagement toujours présent dans leur cinéma, qui marque une opposition contre les représentants du pouvoir(dans le sens large ou même symbolique du terme); que ce soit le directeur de l’Aaltra en Finlande ou les dirigeants du GAFA en Californie. Du road-movie au film de lotissement, la particularité de leur art dépend de la capacité de rire du malheur des gens, tout en racontant une histoire touchante avec des détails précis et réels.
Dans Effacer l’historique, Marie, Bertrand et Christine ont chacun leur identité, leur solitude et leur combat. Nous les découvrons pas à pas en entrant en empathie avec eux, nous les suivons sur un chemin absurde, celui pour faire reconnaître leur droits. Kervern et Delépine proposent de nombreux thèmes à travers ces trois personnages-là et leur identités sociales: la digitalisation de la société et ses travers, la paupérisation de la classe moyenne en France, le chômage, les gilets jaunes, les harcèlements en ligne, etc… Pour développer chaque thème, ils ont pensé à créer des situations convaincantes, des dialogues réalistes et drôles à la fois. Pour que l’effet prenne, ils reposent sur le talent de leurs acteurs, de leur sens de la comédie et du rythme.
Ainsi avec Effacer l’historique, Ours d’argent du meilleur scénario à la Berlinale 2020, Gustave Kervern et Benoît Delépine font une nouvelle fois preuve d’un sens de l’humour corrosif, d’un sens de l’observation rare, et de justesse dans le ton. Une nouvelle fois, ils nous proposent un regard mi-amer, mi-aimant, s’amusent de et rendent hommage tout à la fois à des anonymes englués dans leurs conditions. Un film drôle, dense, qui fonctionne parfaitement de tout son long.
Retrouvez également notre rencontre avec Benoit Delépine.
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