Dans une horlogerie suisse où commencent à poindre les bouleversements induits par les avancées technologiques du XIXe siècle, Josephine, une jeune ouvrière, fabrique le balancier, véritable cœur des mécanismes. Alors que les dirigeants y réorganisent le travail, le temps et les salaires pour rester compétitifs, elle se retrouve mêlée à un mouvement local d’horlogers anarchistes où elle rencontre l’aventurier russe Pierre Kropotkine.
Le travail de Cyril Schäublin, jeune cinéaste suisse, constitue notre plus belle découverte cinéphilique de cette année. Avec seulement deux long-métrages, Those who are fine (2017) et Désordres [Unrueh] (2022), nous pouvons déjà le considérer comme un des plus importants auteurs contemporains, car, en espace de deux films, il a inventé et affirmé un style, révélé sa fibre artistique.
Those who are fine et Désordres différent l’un de l’autre notamment en ce qui concerne les procédés narratifs, mais ils partagent plusieurs points esthétiques: les cadrages extrêmement inhabituels, les plans fixes et très larges qui montrent l’ensemble d’une situation, les images qui comprennent et reflètent les rapports sociaux, l’utilisation d’acteurs non-professionnels, la lenteur.
Désordres dessine un subtil portrait d’ouvriers horloger en Suisse au 19ème siècle, et le rapport de fascination que Piotr Kropotkine, un théoricien révolutionnaire russe, instaure avec eux. Mais Cyril Schäublin n’a tout simplement pas l’intention de raconter une histoire, il réfléchit constamment à sa forme, propose une esthétique décentrée qui convient à ce sujet autour de l’histoire de l’anarchisme.
Nous avons rencontré Cyril Schäublin à l’issue de l’avant-première de Désordres à Paris:
Et nous avons entretenu longuement avec François Bégaudeau, critique de cinéma, afin de proposer une analyse approfondie et détaillée du film:
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