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#Cannes2016: Elle, verhoeven retrouvé

Mis à jour le 5 février, 2017

Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. Ă€ la tĂŞte d’une grande entreprise de jeux vidĂ©o, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d’une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressĂ©e chez elle par un mystĂ©rieux inconnu. InĂ©branlable, Michèle se met Ă  le traquer en retour. Un jeu Ă©trange s’installe alors entre eux. Un jeu qui, Ă  tout instant, peut dĂ©gĂ©nĂ©rer.

La palme pour un thriller ? Jamais nous aurions pensĂ© ne serait-ce que qu’Ă©mettre une telle idĂ©e … Mais cette annĂ©e cette idĂ©e nous a traversĂ© l’esprit avec Elle, parce que ce thriller lĂ  n’est pas tout Ă  fait comme les autres … et pourtant, la plus grande interrogation nous animait lorqu’en SĂ©lection Officielle Thierry FrĂ©maux a annoncĂ© la prĂ©sence de Paul Verhoeven.


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Ne mentons-pas pour nous Verhoeven Ă©tait le rĂ©alisateur de 2 bons films, le sulfureux Basic instinct qui apportait  un souffle nouveau – ou de renouveau – sur la production amĂ©ricaine de l’Ă©poque, que ce soit pour son atmosphère Ă©rotisante comme son intrigue policière, Ă  un degrĂ© moindre pour sa mise en scène un tant soit peu sophistiquĂ©, mais aussi – et surtout – le crĂ©atif Total Recall, qui, comme Blade Runner, fait partie de ces films d’anticipation qui ne se contentent aucunement d’en mettre plein la vue, mais comportent dans leur scĂ©nario de bien belles projections. 2 bons films parmi 30. Surtout, depuis Basic Instinct, le moindre que l’on puisse dire est que sa filmographie ne comprend pas que des chefs d’oeuvre – sic.

Alors, oui, nous Ă©tions curieux, d’autant plus, qu’on lui a proposĂ© ce projet « Elle » façon paquet cadeau comprenant un scĂ©nario, un vrai – le livre de Philippe Djian Oh…- et un casting français première classe, emmenĂ© par la très productive mais oh combien pertinent dans ses choix Isabelle Huppert, entourĂ© par Laurent Lafitte, Anne de Consigny, Charles Berling, Virginie Effira, Vimala Pons, Alice Issaz ou encore Jonas Bloquet.

Sa place en Sélection Officielle du festival de Cannes se devait donc donc soit à une qualité exceptionnelle, soit à un geste de sympathie envers un réalisateur qui effectue un retour au premier plan, soit à un arrangement entre producteurs et comité de sélection.

La rĂ©ponse, vous l’aurez anticipĂ©, et vous pourrez le constater si vous vous rendez dans les salles dĂ©s ce mercredi, est bien la qualitĂ© cinĂ©matographique du projet. Il s’agit certes avant tout d’un exercice de style mais « Elle » bĂ©nĂ©ficie d’une qualitĂ© indĂ©niable; il est parfaitement incongru. Son rythme semble très Ă©tudiĂ©, il est, disons-le très bon – et ce n’est pas un mince compliment tant les films en sĂ©lection Ă  Cannes pĂŞchent souvent sur ce point.

L’adaptation d’un roman est tout un art. C’est certainement plus facile quand l’Ă©crivain a un style fait pour le grand Ă©cran, comme Sebastien Japrisot ou ici Philippe Djian. D’ailleurs, ce dernier en confĂ©rence de presse Ă  Cannes a Ă©tĂ© interrogĂ© pour savoir s’il reconnaissait ses personnages dans l’adaptation qu’en propose Paul Verhoeven. Après avoir rappelĂ© qu’il considĂ©rait que ses personnages ne lui appartenaient aucunement, il a poursuivi en fĂ©licitant le rĂ©alisateur pour leur avoir donner une incarnation plus forte encore que ce que lui n’avait imaginĂ©.

Si nous sommes en apparence très loin de la poĂ©sie frontale d’un 37°2 le matin du mĂŞme auteur, nous en trouvons quelques relents, que ce soit un regard bienveillant envers l’anticonformisme, ou la qualitĂ© et la densitĂ© des dialogues. Verhoeven y a mis probablement sa patte en matière de thriller, prĂ©cisant que ses premières orientations Ă©taient par trop amĂ©ricanisantes et qu’il avait tenu Ă  rectifier le tir, lassĂ© des super-hĂ©ros si loin de toute rĂ©alitĂ© et de toute aspiration contemporaine.

Ces Ă©lĂ©ments savamment distillĂ©s, et par leur intensitĂ©, produisent un plaisir vĂ©ritable au spectateur, qui pourra se laisser embarquer soit par l’intrigue, soit par l’humour, le plus souvent basĂ© sur la perversion si magistralement innocentĂ© par une Isabelle Huppert des grandes heures – celle vue chez Haneke notamment. Le tout est malin assurĂ©ment. Incongru nous paraĂ®t le qualificatif le plus appropriĂ© et qui rĂ©sume le mieux ce que l’on vous donne Ă  voir.

Verhoeven en confĂ©rence de presse cite, en rĂ©fĂ©rence l’ayant inspirĂ©, La règle du jeu.

Pas faux, et well done !

 Retrouvez également nos photos de la conférence de presse.

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