Mis à jour le 26 février, 2016
Mais de quel réveil nous parle-t-on ? Star Wars entre 1977 et 1983 a révolutionné le cinéma, en bien tout d’abord, car c’est une production évidemment majeure, qui bénéficie d’un scénario grandiloquent certes, mais particulièrement riche et aux lectures multiples, d’une bande son mythique, d’un casting charismatique, et avant tout d’une créativité débordante d’imagination. Si Blade Runner est très certainement le meilleur film de science fiction de tous les temps, la trilogie Star Wars originelle en est très proche, pour des raisons diamétralement opposées. En mal également, il faut le reconnaître, l’industrie cinéma a opéré à la suite un virage à 180°, imposant des blockbuster méga production le plus souvent absolument creux mais annoncé spectaculaire- quand Star Wars alliait spectacle et richesse thématique. La logique de masse et l’attrait du business facile ont très souvent pris le pas sur toute intention artistique, un rouleau compresseur industriel s’est mis en marche.
Ainsi, la prélogie à Star Wars, sortie entre 1999 et 2005, a obéi à cette approche purement financière, elle a déçu, pour différentes raisons, techniques notamment – les effets spéciaux sonnent faux – mais aussi et surtout pour s’être trop éloignée de l’univers instauré par La Guerre Des Etoiles, un nouvel espoir, L’Empire contre attaque, et Le retour du Jedi, quoi que le scénario eut été écrit en 1980, en redistribuant notamment les figures, le comique n’étant plus porté par exemple par un personnage humain. L’identification en a pâti, la force symbolique s’est éteinte.
Alors parle-t-on du réveil de cette force là dans ce nouvel épisode qui annonce une nouvelle trilogie ?
En tout cas, ces deux défauts ne s’y retrouvent nullement, au contraire même, on peut d’ores et déjà vous dire que les effets spéciaux à l’ancienne fonctionnent, que la 3D est plutôt intéressante, notamment quand il s’agit d’offrir des pentes vertigineuses. Il est impossible de ne pas voir la filiation pour ne pas dire l’extrême fidélité de ce nouvel opus vis à vis de la trilogie originelle. Ah qu’il fait bon retrouver nos héros, cultes s’il en est, aux noms et aux visages inscrits dans notre imaginaire: Yan [Han] Solo, le plus charismatique, le pur et juste Luke Skywalker, tout autant que la princesse Leia, Chewbacca[Chewie], R2D2 ou Z-6PO[C3-PO], qu’il fait bon retrouver au casting Mark Hamill, Harrison Ford ou Carrie Fisher !
Le respect va jusqu’à calquer les thématiques, que ce soient les intrigues familiales ou la lutte manichéenne entre le Bien et le Mal, mais aussi, les scènes elles-même, les combats de sabre laser en face à face entre leaders de chaque camps, les scènes de combat de masse entre stormtroopers et héros de la résistance – nouvelle organisation qui succède à l’ Alliance rebelle -, la présence d’un grand méchant casqué et tout de noir vêtu, les accélérations fulgurantes des vaisseaux spatiaux, les scènes de pilotage de haute voltige, l’opposition entre une approche démocratique et un régime de terreur et même la construction d’un équivalent de l’étoile noire, véritable arme de destruction massive; seul manque pour le moment un descendant à Yoda. Le respect des codes a clairement été mis au centre de la production.
Le spectacle n’est pas déplaisant assurément, n’est-ce pas dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ? La recette qui a fonctionné, fonctionne toujours. Oui mais … pour le réveil, on repassera. Cet épisode manque singulièrement d’inventivité, de créativité ! La trilogie originelle en débordait, une révolution du cinéma était en cours. Star Wars, le réveil de la force est-il alors seulement utile ? La copie ne dépasse malheureusement pas le chef d’oeuvre initial. Pire, elle a tendance à le démystifier. Ce qui fait effet quand on le découvre perd toute sa substance si on le répète sans juste dosage. Ce qui est vu, n’est plus à voir, si on ne peut l’approfondir, si les nuances ne nous le font pas découvrir sous un nouveau jour. En multipliant les intrigues familiales, le récit perd en simplicité, pire en crédibilité. On ne voit plus la magie, mais les trucs.
Quel dommage que l’audace ne soit pas de mise, que le scénario oublie totalement de développer l’aspect science fiction, la mystique religieuse même, au détriment d’un hommage bien trop appuyé. Quel dommage également, que le suspense ne soit pas maintenu, que les éléments composant l’intrigue nous apparaissent clairement bien trop rapidement ! Quand il nous fallait 2 épisodes de plus de 2 heures chacun pour savoir que Luke était le fils de Dark Vador [Darth Vader], il ne vous faudra qu’un quart d’heure pour apprendre que … [laissons le spoil aux critiques qui ont besoin de faire du remplissage]
Mesdames, messieurs les adultes post quadra, amenez-y vos enfants, oui, la dimension divertissante est évidente, l’amour, l’amitié, l’universalité sont au rendez-vous ! Allez-y également parce que les petits nouveaux ont en eux la Force, celle de la lumière et des bons sentiments, et qu’on les prend très aisément en sympathie. Allez-y pour Mark Hamill, Harrison Ford, Carrie Fisher bien sûr, pour Max Von Sidow, Oscar Isaac, John Boyega, Adam Driver également ! Allez-y, courez-y pour l’héroïne principale interprétée par la très fraîche Daisy Ridley !
Mais ne vous attendez surtout pas à prendre la claque qu’enfant vous avez prise, vous pouvez encore dormir avant le nouveau choc.
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