Mis à jour le 22 décembre, 2019
L’affiche de Loin de mon père, un film de Keren yedayaCritique de Loin de mon père, par Emilie Ollivier.
Un père et une fille, à Tel-Aviv vivent une relation… très âpre, pour euphémisme -et ne pas vous dévoiler l’histoire du film. Le film traite un sujet (voire deux sujets) hautement choquant : l’un fictif (adaptation d’un roman) l’autre réel (retranscription d’un fait divers, cf séquence dite de la plage). Keren Yedaya filme comme Hemingway écrivait : minimaliste, droit au but, pas d’exposition psychologique. Les explications de ce qui se trame, derrière, sont à deviner entre les lignes -ou à trouver dans les explications données par la cinéaste.
Durant la projection cannoise, en sélection d’Un certain regard, il a été intéressant d’observer que les personnes qui quittaient la salle, sans doute submergées par trop de glauque, avaient l’âge et l’allure du Bourreau. L’inconcevable, l’insoutenable est ici abordé très frontalement, dès le début du film, comme pour se débarrasser du suspense, des suppositions, pour mieux aller au cœur de l’indicible, l’âme humaine. Aussi les choses les plus criminelles nous paraissent normales, car le film est dans la répétition, le quotidien (scènes de boulimie, de scarification, brossage de dents) et nous fait percevoir toutes ces choses comme normales, acceptables. Nous sommes dans la tête de la victime et un peu dans la tête du bourreau, sans pour autant deviner leurs secrets. Il n’y aura pas de pourquoi du comment. Keren Yedaya est au cinéma ce qu’Hemingway est à la littérature, nous disions-vous.
Mais si, et seulement si, vous avez vu le film, vous pourrez lever le voile sur certaines de vos interrogations ici, dans cet entretien avec la réalisatrice.
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