Comment la vie de Lydia, sage-femme très investie dans son travail, a-t-elle déraillé ? Est-ce sa rupture amoureuse, la grossesse de sa meilleure amie Salomé, ou la rencontre de Milos, un possible nouvel amour ? Lydia s’enferme dans une spirale de mensonges et leur vie à tous bascule….
Le Ravissement porte un regard intime sur la solitude d’une jeune femme et son désir d’avoir un enfant. À travers un récit minimaliste, délicat et féminin, le film analyse le sentiment de manque chez Lydia, son besoin de s’entourer, de construire une famille qui lui appartient. Cette famille idéale, elle arrive à la créer dans son imagination. Petit à petit, elle s’enfonce dans son monde imaginaire et perd le contact avec la réalité, jusqu’à croire(et faire croire aux autres) à ces mensonges. Malgré cet aspect psychologique important, Le Ravissement reste un film réaliste et précis en ce qui concerne les conditions matérielles et le quotidien de Lydia, son milieu de travail.
Il s’agit donc d’un film centré sur une personne, mais les personnages secondaires ont tout autant d’importance. La relation entre Lydia et Salomé, de l’amitié mélangée avec de la jalousie(plus précisément de l’envie), occupe une place essentielle dans le récit, ainsi que la relation avec Milos, un homme inconnu au départ qui devient rapidement l’objet de l’espoir de Lydia, puis l’observateur de sa folie, et quelque part le complice de ses jeux malsains. Raconter l’histoire avec la voix de Milos et ainsi introduire une certaine distance vis-à-vis de Lydia, s’avère un choix crucial de la part de la cinéaste qui peut diviser les spectateurs.
Iris Kaltenbäck, qui signe ici son premier long-métrage, a eu la chance d’être bien entourée pour ce tournage. L’attention portée à la lumière, à la colorimétrie, plus particulièrement au contraste entre l’image bleue sombre – des scènes nocturnes notamment mais pas seulement – traduisant le chagrin de Lydia, et la couleur rouge vif de son manteau, crée une ambiance visuelle unique – on félicite le travail réussi de Marine Atlan, directeur de photographie (et réalisatrice elle-même). Et la beauté du film tient beaucoup à la présence d’Hafsia Herzi, actrice au style du jeu habituellement réaliste qui assure parfaitement une partition différente ici, introvertie, silencieuse, très complexe.
Iris Kaltenbäck est une jeune réalisatrice issue de la FEMIS. Lors de cette édition 2023 de la Semaine de la Critique, elle venait présenter son premier long métrage, Le Ravissement, avec Hafsia Herzi, Alexis Manenti et Nina Meurisse . Le film a gagné le prix SACD. Nous vous proposons ci-dessous notre entretien avec Iris, qui explique son parcours, et revient avec nous sur ses intentions artistiques.
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