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Saint Amour avec tendresse

Mis à jour le 25 mars, 2016

Les deux compères Délépine et Kervern continuent avec Saint Amour un parcours cinématographique débuté avec brio avec Aaltra, un wheelchair-movie sur les traces de Kaurismaki, puis qui a fait la part belle à Yolande Moreau (Louise Michel), à Gérard Depardieu (Mammuth , aux côtés d’Isabelle Adjani), à Benoit Poelvoorde (Le grand soir) ou encore à Michel Houellebecq (Near Death Experience).

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Leur cinema est simple, en général emprunt tout à la fois d’un humour décapant, un rien provocateur, qui prend le parti de nous faire partager une tranche de vie – un voyage initiatique le plus souvent- d’un personnage principal qui socialement apparaît défavorisé.

La pensée politique n’est jamais très loin mais elle n’est jamais réellement mis en avant, tout comme l’humour décapant que l’on retrouve dans leurs forfaits télévisuels (Groland). Bien au contraire, ce qui marque, et qui fait la poésie de leur cinéma, au delà de la tentative stylistique (le noir et blanc de leurs premiers films, le grain de Mammuth), c’est la quête d’une vérité profondément française, d’une vérité simple, et avant toute chose la grande sympathie et bienveillance portée sur les personnages centraux.

Le comique et le propos politique servent le récit et non l’inverse.

Tous ces ingrédients se retrouvent bien évidemment dans Saint Amour, à commencer par les acteurs cités, tous de la partie. Depardieu et Poelvoorde sont à l’affiche, le film est presque écrit pour eux. Depardieu incarne, avec force et douceur, ce père paysan à qui il ne reste plus que son fils. Poelvoorde de son côté, s’amuse à jouer [un peu trop] un jeune Tanguy, lassé de sa condition d’agriculteur terreux, qui aimerait pouvoir séduire bien davantage, et se noie dans la boisson. Houellebecq tient une partition comique assez anecdotique dans le récit, mais qui mérite le détour, il apporte son décalage naturel, son phrasé surréaliste, en logeur fauché. Quant à Yolande Moreau, elle est bien au générique, elle joue – façon de parler- la voix de la mère de Poelvoorde et femme défunte de Depardieu. A dire vrai, vous peinerez à la reconnaître (sa voix).

Il y a également un petit nouveau qui trouve parfaitement sa place en la personne de Vincent Lacoste, de plus en plus intéressant par l’ambivalence que son jeu propose – la recherche de style assumée vs la grande maladresse (verbale surtout) apparente. Il est parfait en chauffeur de taxi parisien parti pour la grande aventure bucolique (et alcoolique) aux côtés du père et du fils en manque d’amour.

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Mais il est un ingrédient supplémentaire qui s’y ajoute et qui compose bien évidemment l’univers de Délépine, et Kervern, l’amour de la boisson. Ils en parlent avec tant de tendresse !


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Bien moins corrosif et drôle que ne l’est Le Grand soir par exemple, Saint Amour se révèle cependant bien rythmé, notamment au gré des apparitions des seconds rôles, confiés à Michel Houellebecq donc, mais aussi à Céline Sallette, Chiara Mastroianni, Izia Higelin, Ovidie ou Ana Girardot par exemple.

Bref, Saint Amour se voit de façon sympathique, comme les amateurs boivent un moyen cru, c’est à dire pas si loin du bon cru, mais pas tout à fait. En tout cas, il vaut également de lire des critiques négatives bien politiques (et affligeantes) comme celle de l’ancien observateur pour vous donner envie d’y passer un bon moment; certes Poelvoorde n’y livre pas sa plus belle composition, il surjoue un peu (Depardieu est lui comme à son habitude très bon), le film n’est pas parfait esthétiquement, c’est une évidence, mais il n’en avait nullement l’intention ! Il porte bien en lui un regard tendre, loin de tout snobisme, et rien que pour cela, le film est agréable.

 

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