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Le dernier Dolan si mauvais que cela ?


Ma vie avec John F. Donovan (The death and life of John F. Donovan) avec Kit Harrington, Jacob Tremblay, Natalie Portman, Susan Sarandon…

Dix ans après la mort d’une vedette de la télévision américaine, un jeune acteur se remémore la correspondance jadis entretenue avec cet homme, de même que l’impact que ces lettres ont eu sur leurs vies respectives.

Le dernier film de Xavier Dolan, actuellement à l’affiche, Ma vie avec John F. Donovan (The death and life of John F. Donovan) a été d’une manière général très mal reçu lors de sa première au festival de Toronto; plus particulièrement la critique américaine s’est fendu d’un welcome to US des plus trumpiens … Dolan qui avait eu toutes les peines du monde lors des phases de construction, atterrissant dans une première version montée à une histoire de 4 heures, s’était par exemple vu obligé de couper Jessica Chastain au montage … Les méthodes américaines sont en effet très éloignées des méthodes européennes, l’efficacité prévaut sur le desiderata artistique ou egotique (le pêché mignon de Xavier Dolan qui se sait talentueux) … Les premiers films sur le territoire US peuvent désillusionner, ce n’est pas Matthieu Kassovitz qui dira le contraire (cf. notre interview de Fred Cavaye qui nous rappelait qu’il avait refusé des projets de films aux US sous le conseil de Kassovitz: https://www.youtube.com/watch?v=Prm7H-BSBi0 ).

Vous aviez déjà pu lire dans notre couverture du TIFF, notre première réponse à la question que l’on pose en titre. Alexis avait pu voir le film dans sa version montrée pour le festival. Il nous rapportait alors que le film était certes un peu décevant, mais qu’il restait dans la lignée de la cinématographie du petit Mozart québecois, qu’on y retrouvait ses thèmes récurrents et qui lui sont chers (le rapport à l’homosexualité, le rapport à la mère).

Plutôt qu’une critique en bonne et due forme du film, nous vous proposons donc aujourd’hui de refaire le débat, en vous proposant, non pas un, non pas deux, mais trois points de vue !

L’avis d’Alexis au TIFF: ***

Le nouveau Xavier Dolan, « The death and life of John F. Donovan », son premier film en langue anglaise, était projeté au TIFF.
L’histoire relate les mémoires d’un jeune homme, qui raconte à une journaliste la correspondance qu’il avait enfant avec une star du petit écran (Kit Harrington, star de la série TV « Game of thrones ») depuis décédée. Les échanges permettent de mieux comprendre qui était cet homme.


Comme presque toujours chez Dolan, l’aspect autobiographique est très présent. Ici, il est multiple: il est à la fois cet enfant qui envoie ces lettres à son idole (on se souvient de cette anecdote maintes fois racontée où il évoque cette lettre envoyée enfant à Di Caprio à qui il vouait une admiration sans bornes), mais il est bien sûr aussi cette star, devenue une célébrité trop jeune, et souvent dépassée par cette notoriété.
Le film n’est pas le meilleur de Dolan, mais il reste néanmoins passionnant. Le questionnement sur la célébrité, l’extrême solitude qui en résulte est présenté de manière très pertinente.
Esthétiquement, le film est extrêmement léché. La photographie d’André Turpin (son chef opérateur depuis « Tom à la ferme ») est la plus aboutie qu’il ait pu faire avec Dolan.


Les références du film sont multiples, on pense bien sûr à « Citizen Kane » pour la narration, mais aussi à la folie de certaines séquences de « Magnolia » (et le même travail sur une musique omniprésente).
Mais la plus grande réussite du film est son jeune acteur, Jacob Tremblay. Déjà incroyable dans « Room » qui l’a révélé, il est ici prodigieux. on comprend aisément comment Xavier Dolan a pu se reconnaître et projeter son personnage dans ce jeune prodige de onze ans. Il éclipse tous les autres acteurs du film.

L’avis de Frédéric: **(*)

Xavier Dolan est probablement le réalisateur dont on attend le plus, monts et merveilles, parce qu’il a présenté une précocité rare, parce qu’il a déjà montré qu’il était de ceux qui savaient trouver leur chemin singulier, et qu’au delà de la simple virtuosité technique, il a su dans ses différents films nous émouvoir, ou nous émerveiller. Touche à tout, merveilleux arrangeur, excellent directeur d’acteur/actrices, le vent de fraîcheur qu’il a fait porter sur le cinéma mondial n’est entâché que de goûts musicaux discutables (très variété, Celine Dion en tête) et peut être aussi, dans ses premiers films en tout cas, d’une propension trop importante à se tourner sur soi, et une certaine incapacité à marquer par un sujet fort qui pourrait le dépasser, lui.

Déçu de ne recevoir que le prix du jury égalité avec Jean-Luc Godard lors de sa dernière campagne cannoise, avec le réussi Mommy, ses ambitions sont hautes, très hautes. Il vise la palme d’or, bien évidemment, la reconnaissance critique, mais il rappelle à qui voit dans son cinéma de multiples références cinématographiques, qu’il construit ses films bien plus avec le cœur qu’avec son intellect, que son univers personnel est bien plus à rapprocher du cinéma américain que du cinéma européen; bien plus Titanic qu’A bout de souffle donc ! Alors Ma vie avec John F Donovan était forcément extrêmement attendu, par la critique, mais aussi par lui ! Faire un film aux Etats-Unis, voilà son vœu le plus cher !

Il a choisi de puiser, comme souvent, dans son propre vécu, et a cherché à mettre à l’écran ses thèmes favoris; il espérait grandir, connaître le même succès aux Etats-Unis que celui qu’il a toujours connu jusqu’à présent en Europe et dans son pays. Il a mis beaucoup de lui, fondé beaucoup d’espoir, et a vu grand. Il est au final fier de son film, et l’affirme haut et fort, vu les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui pour, ne serait-ce, que son film soit diffusé aux Etats-Unis !

Doit-on donner raison à la réception critique américaine fort sévère ? Si l’on retrouve certes la patte Dolan, le résultat est cependant effectivement quelque peu bancal, de bons passages -la scène d’ouverture, l’intensité trouvée en milieu de film- ne viennent pas faire oublier une certaine langueur qui s’installe dés les premières images – la faute à un dispositif de confession à une journaliste antipathique qui surcharge le récit, lui apporte une intrigue parasite- le jeu très quelconque et semblant peu investi de Natalie Portman que l’on a vu bien plus à son aise dans d’autres costumes, et dans une moindre mesure de Susan Sarandon – son rôle n’est pas suffisamment central; on se doute pourtant que Dolan voulait à l’une comme à l’autre faire une déclaration d’amour …

Ce duo là n’arrive pas à la cheville du duo formé par Anne Dorval et Suzanne Clément dans Mommy, et le personnage interprété par Susan Sarandon est bien moins fort que celui qu’incarne Anne Dorval dans J’ai tué ma mère, ou même dans Laurence Anyways. Le point fort de Dolan – la direction d’acteurs, semble sans avoir totalement disparu, s’être fortement dilué. La complicité qu’il a, en général, avec ses actrices, qui irradie, compose une note chaleureuse au delà du récit, mais aussi, l’excentricité usuelle du réalisateur (le côté queer de Laurence Anyways, les inserts de clips ultra-colorés si souvent vu, les effets de caméra) viennent ici à manquer de manière très évidente. Le film reste certes bon, a minima valable, mais la véritable question que l’on se pose est: « Faut-il incriminer Dolan, ou les méthodes de production américaines ? » pour justifier que Ma vie avec John F. Donovan ne soit pas le chef d’oeuvre que l’on attend de Dolan

L’avis d’Emilie: **

A venir

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