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Entre deux trains – De et vers la gare d’Austerlitz

Entre deux trains est le premier long-métrage de fiction de Pierre Filmon dont la précédente réalisation est le documentaire Close encounters with Vilmos Zsigmond (2016). C’est d’ailleurs au célèbre chef opérateur hongrois décédé en 2016 qu’est dédié Entre deux trains. Dans une certaine mesure, cette dédicace inscrite à l’écran dès le début du film pourrait bien constituer un appel aux spectateurs. Nous invitons en effet nos lecteurs à adopter un regard porté sur la technique mise en œuvre dans la réalisation de ce film.

Il y a neuf ans, ils ont vécu une brève histoire d’amour. Aujourd’hui, ils se croisent par hasard sur un quai de gare, entre deux trains. Lui arrive, elle repart. Ils ont quatre-vingt minutes pour faire le point sur leur vie, face à face avec leurs vérités et leurs souvenirs. C’est leur dernière chance.

Entre deux trains relève d’un double pari.

Il y a d’abord un pari narratif fait par le réalisateur-scénariste. Très écrit, le récit repose quasi entièrement sur les dialogues échangés entre les deux protagonistes principaux incarnés par Laëtitia Eïdo et Pierre Rochefort. Deux personnages principaux mais aussi littéralement centraux car la caméra de Pierre Filmon suit leur déambulation parisienne depuis la gare d’Austerlitz et ses environs. La gare d’Austerlitz, point d’ancrage initial du métrage sera aussi celui de sa clôture au terme d’une boucle tant narrative que géographique soigneusement refermée.

Ici, intervient le deuxième pari dont relève le film.

Dans les faits, pour réaliser ce premier film de fiction Filmon opte pour un filmage en plans-séquences composés dans des lieux publics. Dans le champ de la caméra, acteurs, figurants et passants se confondent. Les spectateurs avisés s’attendent à ressentir deux sensations de ce type de procédé filmique. Il y a l’illusion attendue d’un filmage des scènes sur le vif et celle d’un tournage en temps réel. Entre deux trains répond bien aux espérances sur ces deux plans et peut-être même un peu trop.

En effet, la dédicace du film à l’adresse de Vilmos Zsigmond nous a invité à adopter un regard technique durant toute la projection. Un angle d’appréhension opportun et approprié à notre sens. La première séquence du film nous invite d’ailleurs à maintenir ce regard jusqu’au générique de fin. L’attention doit cependant moins être portée sur la qualité de la photographie que sur la composition en longs plans-séquences du film. Dès lors, revers de la médaille, le récit passe au second plan. Le premier plan est lui entièrement occupé par la part technique de Entre deux trains.

Pour autant, nous nous refusons de placer ce long-métrage de fiction parmi les purs exercices de style. Un tel classement ne rendrait en effet pas honneur au travail conséquent d’écriture des dialogues échangés par le duo de comédiens principal. Le spectateur doit cependant être averti que la technique prime sur le propos dans cette première incursion de Filmon dans la fiction, ce qui peut surprendre.

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