Mis à jour le 2 avril, 2017
Voici le premier long métrage d’Hamé et Ekoué, membres du groupe de rap La Rumeur qui officie depuis plus de vingt ans dans le rap hexagonal. Dans ce film, ils ont décidé de dépeindre un quartier de Paris, Pigalle, à notre époque, et une frange de ses habitants qui constitueraient finalement « les derniers parisiens ».
Pigalle, pour les réalisateurs, c’est Nas, alias Reda Kateb, ses potos, héritiers d’un langage fleuri emprunté à la verve des dialogues d’Audiard père et mélangé à la sauce lascar. C’est aussi des tronches de cinéma, illustrées dans l’affiche du film et qui rappellent notamment le Gabin des années 50 -dans Touchez pas au gribi par exemple. Les membres de la Rumeur nous parlent de leur Pigalle à travers le portrait de ses différents protagonistes comme une peinture sociologique : Nas, ses potes, son grand-frère incarné par Slimane Dazi (acteur entre autre d’Un Prophète de Jacques Audiard).
Mélanie Laurent fait partie également de l’aventure en conseillère d’insertion de Nas et copine du grand-frère. On peut mentionner également l’apparition de Lola Deweare, fille du défunt Patrick, en tant que serveuse de bar.
Les Derniers Parisien nous montre des lascars désœuvrés, comme Nas qui voudrait « mettre son nom à Pigalle » -c’est à dire laisser son empreinte- dans le quartier, son rêve. Le bar Le Prestige le lui permettrait. On le suit dans ses galères du quotidien, ses virées avec ses potes, ses conflits avec son frère, le tout porté par sa verve d’acteur généreux et sa classe naturelle. Dans ce film concentré dans ce quartier et filmé le plus souvent au plus près des personnages, caméra à l’épaule, on ressent les tensions, la dramaturgie d’un microcosme sur le qui-vive, donnant une tonalité de faux polar, comme un Mean Streets à la française. C’est aussi un film à suspense qui avance dans les pas de ces laissés-pour-compte du miracle économique.
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