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Dark Waters de Todd Haynes, utile mais sans veine artistique

Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie…

Nous sommes allé découvrir Dark Waters, sur la base d’une indication, la signature Todd Haynes. On se dit que l’auteur de I’m not there, mais aussi de Carol – qui nous avait ceci dit plus divisé – ne peut avoir totalement perdu de sa superbe. Son talent artistique doit bien se dissimuler ici ou là dans cette histoire volontiers politique, pour ne pas dire engagée, qui s’intéresse à un sujet bien d’actualité, et dans l’ensemble, passé sous silence.

Même si le genre ne s’y prête pas facilement, on pensait qu’Haynes pourrait parfois être léger sur la critique sociétale, la dénonciation, pour mieux laisser place à son art; qu’il proposerait quelques disgressions visuelles qui nous ferait apprécier une beauté, une élégance, un charme, bien plus qu’une force, une vérité, ou un sos.

Mark Ruffalo stars as « Robert Bilott » in director Todd Haynes’ DARK WATERS, a Focus Features release. Credit : Mary Cybulski

Nous aurions alors pris plaisir à analyser l’image, tenter de décortiquer l’intention poétique, dévoiler les symboles, les moments purement cinématographiques. Notre critique, en ceci, aurait été d’ordre cinématographique, sur ce seul registre.

Mais à l’instar de ce que peut proposer par exemple Clint Eastwood dans son dernier opus, Richard Jewell, très efficace dans sa dramaturgie – un peu trop même, Todd Haynes semble s’être délibérément effacé sur le plan artistique pour mieux nous faire entendre le message du film … Notre propension à critiquer en devient plus délicate … La forme cherche ici non pas à plaire, à se faire remarquer, mais au contraire à ne surtout pas distraire, à ne pas dérouter.

(L to R) Tim Robbins as « Tom Terp », « Anne Hathaway as « Sarah Barlage » and Mark Ruffalo as « Robert Bilott » in director Todd Haynes’ DARK WATERS, a Focus Features release. Credit : Mary Cybulski

Alors, quel constat ? Cela fonctionne. Le message passe, et il interroge. Nous aurait-on menti ? Nous mentirait-on encore ? Lors de la dernière Berlinale, un film sur un sujet proche, le drame de Minamata avec Johnny Depp était diffusé hors compétition. A contrario de Dark Waters – dont on a oublié de dire que le titre aurait du nous mettre la puce à l’oreille, tant il nous faisait penser à Waterworld -, l’intention poursuivie était résolument artistique, avec une volonté manifeste de transmettre la passion photographie, pour un résultat, au final, piteux … Alors peut être que Todd Haynes, et ses producteurs, ont eu raison de choisir une forme banale … Mark Ruffalo, interprète principal, mais aussi producteur du film, mène une enquête intéressante, tandis que le rôle proposé à Anne Hathaway n’a rien de particulièrement valorisant, voilà ce que l’on peut vous en dire…

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