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Albatros: Beauvois en 2 temps, 2 mouvements

Laurent, un commandant de brigade de la gendarmerie d’Etretat, prévoit de se marier avec Marie, sa compagne, mère de sa fille surnommée Poulette. Il aime son métier malgré une confrontation quotidienne avec la misère sociale. En voulant sauver un agriculteur qui menace de se suicider, il le tue. Sa vie va alors basculer.

Xavier Beauvois s’essaye à un film en deux parties distinctes, marqué par un évènement déclencheur, ce qui lui donne l’occasion d’évoquer divers sujets, et de mêler deux genres en un seul film. Ainsi, la première partie du film s’inscrit dans cette veine réaliste, et très à la mode en France, qui s’attache à rendre compte de la difficulté d’une profession, des sacrifices qu’elle peut demander à ceux qui l’exercent et, en cela, tend à leur rendre hommage, à en faire des héros, parfois meurtris, parfois qui peuvent s’oublier eux même (Polisse, Roubaix une lumière, Hypocrate, et consorts…). Beauvois a toujours eu ce souci de vérité dans ses réalisations précédentes, et de fait, plonger son histoire dans le milieu de la gendarmerie provinciale était pour lui matière propice à la construction de son héros, auquel il réserve un mauvais tour. On se souvient d’ailleurs du Petit Lieutenant du même auteur, qui déjà s’intéressait au milieu de la gendarmerie …

Après avoir rendu grâce à ce personnage interprété, avec la rigueur qu’on lui connaît, par Jérémie Rénier, crédible dans l’action, le geste, et l’état, les émotions, Beauvois propose au spectateur de s’interroger avec lui sur un cas de conscience, sur une faute accidentelle qui obéissait à une logique bienveillante, voire protectrice, mais aux conséquences dévastatrices. En filigrane, Beauvois nous met face à l’importance de la chance, du destin, à l’impossibilité de pouvoir agir sur celui-ci dans des situations critiques. Il remet son héros au niveau de tous les hommes. Cette première partie, appliquée, semble ceci-dit un passage obligé, un exercice quasi scolaire auquel Beauvois s’adonne, pour mieux aborder ce que nous pensions être sa volonté principale, – eut égard à sa filmographie -, le parcours d’un homme face aux tempêtes intérieures, face à sa culpabilité, son désarroi, la perte de repères qu’il rencontre; en somme sa traversée du désert avant un hypothétique avenir différent.

Filmer cela, le matérialiser à l’écran en miroir, rendre compte d’une quête quasi mystique qui devient essentielle, pour pouvoir repartir, revivre; voilà probablement ce à quoi visait Xavier Beauvois. Il y parvient sans nul doute, mais la réussite du projet ne tient qu’à un fil. Beauvois visait probablement la grâce, il nous donne à voir une version où on la soupçonne par instant, mais elle ne nous paraît pas distinctement. Intrigant.

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