Depuis plusieurs jours, Le Mag cinéma s’est mis aux couleurs du Festival de Cannes, sans pour autant oublier que l’actualité se joue aussi hors des salles de la Croisette. Nous vous proposons donc de découvrir deux films made in USA qui sauront à coup sûr convaincre les plus difficiles d’entre vous. Le retour des super-héros les plus barrés de la galaxie d’un côté, un film d’horreur critique et engagé de l’autre, votre planning ciné’ risque d’être chargé ce week-end !
Les Gardiens de la Galaxie, vol. 2, un retour réussi
En 2014, Les Gardiens de la Galaxie offrait un véritable bol d’air frais à l’intérieur d’une production super-héroïque contaminée par la logique commerciale des franchises. Humour décapant, bande-musicale détonante mélangeant habilement standards des sixties et des seventies, et séquences d’action dirigées d’une main de maître, autant dire qu’on attendait beaucoup de la suite des aventures de ces (anti-)héros pas comme les autres. Pari réussi donc pour le réalisateur James Gunn, déjà aux manettes du premier opus. Ce second volume reprend la formule de son prédécesseur tout en développant le caractère de ses personnages principaux. La première qualité du film est de parvenir à maintenir son rythme tout au long de ses 120 minutes. Aucuns temps morts, et un humour distillé à souhait. Les Gardiens de la Galaxie assume son énergie pop sans verser dans la gratuité de l’outrance kitsch. Les feux d’artifice clôturant le film viennent couronner la réussite de l’ensemble. James Gunn affirme sa maîtrise tout en prouvant que son space-opera revisité façon Marvel peut accueillir des problématiques profondes et réflexives. Ainsi de la question de la reconnaissance familiale et du lien génétique, ô combien éculée, mais qui fonctionne ici à merveille. À l’inverse de Dead Pool qui cherchait dans le graveleux et le clin d’œil intempestif un moyen de convaincre de sa subversivité (forcément attractive), Les Gardiens de la Galaxie rend un bel hommage à ses modèles, convainquant par sa sincérité qui apparaît, somme toute, comme sa force principale. Côté visuel, rien à redire, le film jouant de la profondeur de ses compositions pour creuser la surface de l’écran (à voir, évidemment, en 3D), convoquant l’art (choré)graphique du musical, tout en profitant des potentialités du numérique et de l’image de synthèse pour travailler la présence corporelle de ses acteurs et interroger habilement la représentation de la vieillesse, entre passage du temps organique et promesse d’éternité planétaire.
Get Out – Horrifique Amérique
Get Out c’est un peu le film-surprise qu’on attendait pas, ou plus, c’est selon. Il faut dire qu’en matière de cinéma d’horreur américain, il est de plus en plus difficile de trouver quelque chose de consistant à se mettre sous la dent. Entre les suites à succès et le recyclage constant des mêmes formats standardisés, c’est le plus souvent baillant et blasé que le cinéphile sort de la salle. La première réalisation de Jordan Peele surprend d’abord par sa virulence. Get Out enfonce un coin dans la vision lisse et hypocrite de la société bien-pensante. En réactivant la question raciale, le film ouvre les plaies encore fraiches de l’Amérique ségrégationniste, situant son récit dans un Sud épris de préjugés tenaces. Le rire est jaune, progressivement gagné par le malaise. En jouant sur les dédoublements du cadre pour représenter l’inconscient meurtri de ses personnages afro-américains, Jordan Peele métaphorise la condition d’un discours identitaire aux strates multiples.
On a parlé à propos de Get Out d’un film symptomatique du cinéma post-Obama. La chose est sans doute vrai. Alors que les élections présidentielles de 2016 avaient réaffirmé le retour des peurs imbéciles et des propos réactionnaires, Get Out prouve d’une bien belle manière que le cinéma américain ne craint pas de montrer les dents… aiguisées et pleines de sang.
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