Mis à jour le 1 novembre, 2017
2013, Cannes, en pleine conférence de presse de Liberace, Steven Soderbergh avait annoncé qu’il ferait une pause dans sa carrière, peut être même qu’il y mettait tout simplement fin tant il était lassé, fatigué. L’information était reprise ici ou là …
Autant dire, à ce moment là, et vu que Liberace était un énième bon film, auquel il manquait ceci dit ce je ne sais quoi d’âme, que l’impression laissée était alors double. D’un côté, le fait de prendre une pause nous semblait sage, dans le sens où il pouvait en profiter pour retrouver de l’inspiration, se projeter, passer du statut de très bon cinéaste (faiseur) au statut de cinéaste qui compte, comme nous le pensions tous quand nous l’avions découvert avec Sexe, Mensonges et Vidéo (palme d’or 1989). De l’autre, un très bon cinéaste à qui il manque très peu de choses pour rentrer dans la cour des grands, est évidemment une Persona Grata. Nous espérions tant qu’il poursuive et améliore son oeuvre, nous étions donc stupéfait et tout simplement déçu de cette décision qu’il avait déjà laissé entendre un peu plus tôt.
Il faut constater que S. Soderbergh présente une ambivalence peu fréquente. Il comprend le système moderne, son fonctionnement, et plutôt que de le critiquer comme il est naturel de le faire quand on constate que le courant est une industrialisation féroce du cinéma, lui, choisit d’assimiler les passages obligés pour mieux en tirer profit dans son oeuvre. Ainsi, à la manière d’un cinéma d’art et essai de campagne, d’un producteur qui aime tout à la fois l’argent et le cinéma d’auteur – Luc Besson, Quentin Tarantino suivent aussi cette logique que l’on pourrait, permettons-nous, de qualifier d’opportunisme, voire de « prostitution constructive »-, il choisit de réaliser des grandes productions très industrielles pour s’autoriser ensuite des films beaucoup plus personnels. Donner à manger aux cochons, en tirer profit, pour plus tard se nourrir soi-même et quelques convives plus appréciés que les dits cochons. D’autres à l’inverse, à s’entêter à ne pas voir que le monde change, que la pression populaire exerce une tyrannie avec laquelle il faut composer, disparaissent des écrans, ont de plus en plus de mal à produire leurs films, se marginalisent, s’anonymisent ou pire se ringardisent – Jacques Doillon en est l’exemple même. Qui a tort, qui a raison, chacun se fera son avis, nous avons déjà exprimé le nôtre …
Ainsi les Ocean XXX justifient des Liberace, Magic Mike II justifie Magic Mike – ah non ça ne marche pas là 🙂
Alors, quand nous avons appris complètement par hasard – l’affaire n’a pas fait tant de bruit – que S. Soderbergh revenait sur le devant de la scène [sur le grand écran] avec Logan Lucky, notre appétit était évident …
Mais vous l’aurez compris au titre, notre élan est vite retombé … Logan Lucky, peu importe que son casting en impose (Channing Tatum, Adam Driver, Daniel Craig, Riley Keough, Katie Holmes, Hilary Swank) , n’est pas quelconque, il est sans intérêt … Un petit film de braquage sans budget apparemment. On pense alors très fortement à la première partie du dernier Aranofsky, autre grand espoir du cinéma, qui à l’instar de S. Soderbergh marque par son irrégularité, ses manques passagers d’inspiration, ou présentement, une forme de laisser aller.
Logan Lucky est à éviter, il est bâclé. Et si vous le voyez, évitez à tout prix la version VF, le doublage est miteux.
De surcroît, Soderbergh ne s’arrêtera pas là:
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