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#Berlinale, Figlia mia, du néo-réalisme édulcoré

Mis à jour le 19 février, 2018

La jeune Victoria, 10 ans, grandit dans un village de Sardaigne épargné par le tourisme. Un jour, dans un rodéo, elle rencontre l’iméptueuse Angelica, si différente de sa mère Tina. La jeune fille est alors très loin de soupçonner qu’un secret unit Angelica et Tina. Tina,  dans un temps révolu, avait en effet rendu visite à Angelica qui vivait une vie délurée dans une ferme avec des chevaux et en compagnie de son fidèle chien. Tina n’est pas contente du tout qu’Angelica et sa fille Victoria soit amenée à se connaître. Endettée, Angelica décide de partir vivre sur le continent. Soulagée,  Tina offre son support financier, mais ne peut cependant éviter que sa fille et Angelica ne se revoient.  Captivé par l’indépendance et la façon de vivre en marge d’Angelica, Victoria, redécouvre l’île avec elle.

Nous avions été très surpris à Cannes en 2014 lorsque nous avions découverts une jeune réalisatrice italienne, Alice Rohrwacher, qui osait renouveler un genre presque porté disparu, le néo-réalisme à l’italienne, pour présenter La meraviglie, un très beau film lumineux, patient et critique de la société italienne berlusconienne – Monica Belluci était de la partie à dessein. L’actrice principale aux côtés de Monica Belluci était la soeur de la réalisatrice, Alba Rohrwacher que l’on a depuis aperçu dans de nombreux films, notamment américains, dont Hungry Hearts.

Nous étions allé jusqu’à avancer, lors même que ce genre n’est pas celui que l’on prise, que le film méritait une place au palmarès cannois, tant le film rendait hommage et revitalisait le cinéma italien tout entier, prédiction qui se réalisa.

Cette année, La Berlinale a choisi de convier en compétition Figlia mia (ma fille), au titre simple, évocateur – trop-. A la baguette, Laura Bispuri, méconnue en France, mais qui avait déjà eu les honneurs de la sélection Berlinoise en 2015 avec Vergine giurata, convie Alba Rohrwacher et une valeur sûre du cinéma italien, Valéria Golino.

Un néo-néoréalisme renaîtrait-il de ses cendres, le cinéma italien trouverait-il, emmenée par des réalisatrices culottées et talentueuses, un second souffle après que Berlusconi ait détruit en très peu de temps tout un pan d’une culture qui permettait à un pays de perpétuer au présent une richesse culturelle sans pareille (si ce n’est la culture française) ?

A cette question, avouons-le, la réponse que nous apportons est singulière et subjective. Pour nous en convaincre, nous citons un journaliste erythréen expérimenté –  au demeurant fort sympathique- , inconditionnel de Valéria Golino et de Vin Diesel, qui a vécu quelques années en Sardaigne,  et ne put s’empêcher en conférence de presse d’avouer qu’il avait vu avec Mi Figlia, le plus beau film italien de ces dix dernières années, rien que ça. Ses yeux pétillaient quand il s’est adressé à Valéria Golino, à qui il demanda un peu plus tard quelques photos souvenirs.

Puisque nous ne partagions pas exactement ce jugement, par ailleurs que d’autres ont émis dans les couloirs du Berlinale Palace, nous lui avons demandé s’il avait vu La Meraviglie que nous prenions pour référence. La réponse négative qu’il apporta explique alors peut être que notre avis soit à ce point différent. Il est ainsi très probable, que nous même, et le jury du festival de Cannes 2014, ayons vu notre jugement sur La Meraviglie altéré par un effet de surprise, par un regard neuf.

Passé cet effet là, nos capteurs retrouvent une certaine zone de confort – ou d’inconfort, le naturel revient, et nous vous le disions, les inspirations Rosseliniennes n’étant  pas celles que l’on prises, nous ne savons qu’être exigeant avec des oeuvres qui s’inscrivent dans ce courant … Sous ce pan – à ce banc de test -,  Figlia Mia nous a tout simplement décu.

La principale critique que nous émettons tient à la prévisibilité de l’histoire qui nous est proposée, la seconde porte sur une marque esthétique à notre sens beaucoup trop neutre.

Si nous apprécions parfois la limpidité d’un récit, dans une logique d’épure Saint-Exupérienne, si rien n’est plus complexe que de parvenir à retranscrire simplement et brillamment des sentiments simples, il est pourtant un écueil   dans lequel Figlia Mia à notre sens tombe: il est cousu de fil blanc. Nous vous annoncions que le titre était par trop évocateur, et le symbôle se vérifiera tout au long du film. Ce qui pourrait être magique, merveilleux est tout simplement gâché par des effets d’annonces récurrents pour l’heure parfaitement limpides. Nous ne serons jamais surpris, le territoire sur lequel Laura Bispuri nous amène n’a rien d’inexploré, bien au contraire elle nous prend à tout moment par la main, nous guide et nous montre la voie à suivre. Nos yeux sont ceux de la caméra à l’épaule qui suit les différents personnages en mouvement, et notamment qui suit les déplacements de la petite fille au centre du film.

La nature a beau tenir une place importante dans le récit, le rapport qui unit les protagonistes à la nature nous semble presque dérisoire, en tout cas artificiel. Un soin a pourtant été apporté pour que la sardaignité du récit se ressente: Valeria Golino a du travaillé son accent, les repérages ont permis de retenir des terres, entre mers et montagnes très expressives en tant que telles.

Il nous semble que pour que le réalisme eut pu s’imprégner en nous, il eut fallut des parti-pris esthétiques très différents, probablement une lenteur de récit plus importante, des plans fixes plus nombreux, un intérêt plus grand à filmer les gestes, les détails ,des visages plus marquées, des dialogues plus rentrés.

SONY DSC

En un mot, plus de patience. Il est bien certain que les partis-pris que nous citons sont ceux que Laura  Bispuri a voulu éviter, pour gagner en fluidité, en accessibilité,  en universalité, mais dés lors, pour notre part, un sentiment s’est irrémédiablement installé, l’ennui, et ce malgré la présence dans un rôle utilitaire d’Udo Kier, d’ordinaire plus magnétisant.

NB: quelques bruits de couloir donnent ceci dit déjà l’ours d’or à Figlia Mia

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