Au XVe siècle, le Prince Vladimir renie Dieu après la perte brutale et cruelle de son épouse. Il hérite alors d’une malédiction: la vie éternelle. Il devient Dracula. Condamné à errer à travers les siècles, il n’aura plus qu’un seul espoir: celui de retrouver son amour perdu.
Après Dogman, que nous avions plutôt apprécié en 2023, Luc Besson revient avec une énième adaptation de Dracula écrit par Bram Stocker, ce moins d’un an après le Nosferatu réalisé par Robert Eggers. Alors que ses prédécesseurs s’intéressaient à la figure du vampire, le réalisateur du Grand Bleu préfère se concentrer sur l’histoire d’amour entre le comte Dracula et sa bien-aimée, en témoigne le titre original « A Love Tale » du film.
Luc Besson ne trahit en aucun cas le travail effectué sur les autres adaptations cinématographiques de Dracula à l’instar de la version de Francis Ford Coppola en 1992. Le début du film ressemble étrangement à ce dernier ne serait-ce que par la composition musicale ou lors de la scène de bataille. Bien que le roman épistolaire se prête largement à l’épouvante, ici l’aspect horrifique permet uniquement d’apporter du contraste avec l’idylle des protagonistes.
Bien que le scénario de ce Dracula soit d’une simplicité déconcertante voire immature, les quelques touches d’humour bien placées et les passages sanglants relèvent le niveau du film. Il en est de même du jeu des acteurs qui rend crédible les personnages, notamment Caleb Landry Jones incarnant avec aisance le comte grâce à un travail remarquable avec un coach vocal qui lui permit d’obtenir un accent roumain plausible. Mathilda de Angelis offre également une performance à la hauteur de son talent en jouant une jeune vampire euphorique au service de son maître.
Côté technique; Danny Elfman tient la barre de la composition musicale apportant une certaine profondeur à la légèreté de la mise en scène de Besson. En particulier l’association entre une boite à musique et un orchestre permet de faire remonter les souvenirs de la princesse Elisabeta dans l’esprit de Mina. Cette bande originale combinée à l’idée intéressante du réalisateur d’utiliser un parfum spécial pour attirer les victimes – hommes et femmes – de Dracula donnent lieu à l’une des meilleures séquences du film. Grâce à cette fragrance, lors d’une scène de flash-back, le spectateur y voit le comte traverser les époques et contrôler toutes les personnes sur son passage montrant ainsi son dandysme envoutant. Soulignons par ailleurs, le travail considérable de Corinne Bruand qui a créé près de 2000 costumes ainsi que les décors de Hugues Tissandier. Seuls points négatifs, les effets spéciaux et la photographie peu convaincants notamment sur les gargouilles et les incrustations de pluie qui dénotent avec le reste du film.
Luc Besson réadapte certes le mythe de Dracula par le prisme de l’histoire d’amour entre les protagonistes – ce qui n’avait jamais été vraiment envisagé- mais sans apporter de réelles nouveautés qui le distinguerait des autres adaptations du roman. Malgré le talent des acteurs, difficile pour le spectateur de se projeter dans la romance ou de rentrer en empathie avec eux. Il sera probablement plus facilement embarqué par les scènes épiques et les transitions visuelles qui donnent vie au récit. Plutôt éloigné depuis plusieurs années du style qui lui valut d’être reconnu comme un auteur, participant au cinéma du Look tel que théorisé outre atlantique, Luc Besson se contente aujourd’hui de productions accessibles au grand public, sans innover, sans renouveler sa mise en scène.
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