Djé débarque à Paris sans un sou, avec pour seule arme son charme. Il saisit chaque opportunité pour travailler, aimer, dormir. Et tuer.
Vaurien est un premier film, de Peter Dourountzis qui réunit à l’écran Pierre Deladonchamps réellement découvert dans l’inconnu du lac de Guiraudie et depuis vu chez Téchiné, Lioret, Donzelli, et bientôt Verheyde, et Ophélie Bau, l’une des héroïnes de Mektoub, My Love de Kechiche.
Le film dresse le portrait très effrayant d’un tueur en série. L’entreprise peut rappeler Beau-père de Blier, ou Série noire de Corneau; Pierre Deladonchamps n’égale cependant pas Patrick Dewaere sur le registre de l’émotivité, de l’impulsivité et du caractère infantile, troublé, mais il compose avec d’autres armes qui lui sont propres, un sourire malin en coin, une voix douce, un regard perçant qui souvent glace.
Sa composition interpelle, comme celle qu’il avait également proposé dans Les chatouilles d‘Andréa Bescond et Eric Métayer. Précisément parce qu’il ne semble pas avoir la tête de l’emploi (Guy Georges l’avait-il plus ?), son personnage propose un trouble particulier. Le jeune réalisateur français aurait pu tomber dans le piège facile de noircir son personnage, au contraire, il prend le soin de lui conférer des côtés sympathiques, de le montrer sous des beaux jours, d’en faire ressortir de façon évidente le charme.
Il tend un piège à son spectateur en le mettant en face de quelqu’un en apparence présentant des aspects sympathiques, mais aussi sur le sort duquel on peut s’apitoyer, comme le feront ses proies, sans pour autant, comme cela a de nombreuses fois été fait au cinéma (Mesrine est peut être le dernier en date) tenter de rendre gloire au personnage. Il tue, de sang froid, de manière implacable, sous l’emprise de ses émotions, semble changer subreptivement de visage, pour mieux repartir de l’avant, comme si de rien n’était. La pulsion criminelle , l’interrogation qu’elle suscite, la fascination potentielle qu’elle peut exercer également, nous rapproche de l’entreprise des meilleurs Chabrol, sans que la société bourgeoise ne soit pointé du doigt.
Son sujet a beau être annoncé d’avance, vaurien fait parti de ses quelques films particulièrement bien ficelés, suffisamment fluide et alertes pour maintenir en intérêt un spectateur pourtant averti. Le festival de Cannes l’avait inclut dans sa sélection officielle 2020, et au contraire de quelques pâlottes comédies, ne s’y était pas trompé.
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