Mis à jour le 13 décembre, 2015
Une grande prairie, un rassemblement country western quelque part dans l’est de la France. Alain est l’un des piliers de cette communauté. Il danse avec Kelly, sa fille de 16 ans, sous l’œil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid. Mais ce jour là Kelly disparaît. La vie de la famille s’effondre. Alain n’aura alors de cesse de chercher sa fille, au prix de l’amour des siens et de tout ce qu’il possédait. Le voilà projeté dans le fracas du monde. Un monde en plein bouleversement où son seul soutien sera désormais Kid, son fils, qui lui a sacrifié sa jeunesse, et qu’il traîne avec lui dans cette quête sans fin.
Très écrit, « les cowboys » part d’un scénario et d’un sujet très ambitieux. Le casting l’est tout autant, sont conviés François Damiens et John C Reilly notamment. A la baguette, nous trouvons Thomas Bidegain qui est surtout connu pour ses scénarios,
notamment ses contributions aux scénarii de Jacques Audiard, de la Famille Bélier, ou plus surprenant (car nous aimons davantage) de Saint Laurent de Bonello ou de A perdre la raison de Joachim Lafosse.
Interrogé sur pourquoi on le retrouve derrière la caméra, Thomas Bidegain dit que « c’était sa chanson et que c’était à lui de la chanter« .
Nous avons un regard assez bienveillant sur « les cowboys« , un avis plutôt sympathique, quoi que certains points nous ont assez nettement déplu. Ainsi, le film est pour nous sur-écrit, il repose trop sur des ficelles scénaristiques à la mode, déjà vues, prévisibles, comme par exemple celle qui consiste à enchaîner brutalement une scène joyeuse avec une scène choc. Ce reproche, nous l’avons bien plus encore sur chacun des films de Jacques Audiard. Il pêche également dans sa temporalité, s’inscrivant sur une période de 12 ans, le film use d’ellipses qui sont pas toujours bienvenues. Surtout le film a été tourné à trois endroits différents, en France, en Belgique (encouragé en cela par les frères Dardennes qui co-produisent le film), et au Rajahstan, et la qualité du film nous est apparu bien différente selon l’endroit où le réalisateur plaçait son histoire.
Le titre « les cowboys » nous déplaît car il nous semble éloigné du film, de son sujet, même si effectivement il fait sens quant aux références du réalisateur (John Ford notamment), quant à la métaphore qu’il file, quant à sa volonté de conter son histoire comme un western moderne. Ceci ne transparaît finalement que très peu. Il nous déplaît d’autant que tel un symbole, il figure le fait que la famille dont il est fait le portrait participe à une communauté country, alors que l’on parle d’une famille française. Comme si Thomas Bidegain avait des difficultés à filmer en France, dans un univers français. Tant que l’action se situe en France, nous nous rapprochons d’un cinéma réaliste, un tantinet social, assez âpre et avare de fioriture, de dialogues, préférant des expositions de scènes en mouvement. Cette partie ne fonctionne pas à nos yeux, elle constitue le début et la fin du film. Mais entre temps, le film trouve un rythme autrement plus intéressant, une intrigue qui nous semble bien plus mettre en avant les qualités du réalisateur. Il en ressort une dimension épique, une trame d’aventures bien sentie, dynamique, qui elle fonctionne à plein poumons, qui porte un souffle, une émotion. Cette partie est le eastern à proprement parler, la traque menée par le frère pour retrouver sa sœur au Pakistan. Certes, les ellipses viennent parfois aussi un peu trop rapidement, mais véritablement cette partie du film est vivante et bien sentie, quand la scène équivalente qui précédait – la recherche de la fille par le père- nous semblait totalement fabriquée.
Projet ambitieux en tout cas, qui peut surprendre même dans l’émotion, nous pensons plus particulièrement à une scène précise qui est dépeinte avec subtilité, dans le silence, subtilité qui peut manquer parfois par ailleurs.
Nous conseillons donc pour ce qui est réussi et pensons que ce film devrait séduire assez largement !
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