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Two Prosecutors (Deux Procureurs) de Sergei Loznitsa

Mis à jour le 16 mai, 2025

Un film de Sergei Loznitsa

Avec: Aleksandr Kuznetsov, Александр Филиппенко, Анатолий Белый, Andris Keišs, Vytautas Kaniušonis, Valentin Novopolskij, Ivgeny Terletsky, Orests Paško

Le film se concentre sur un jeune procureur qui entreprend de remettre en question un système pendant la Grande Terreur de Staline en 1937, après avoir découvert une lettre d’un prisonnier qui est un appel à l’aide désespéré.

Sergei Loznitsa nous propose une histoire simple, facétieuse et kafkaienne, pour nous interroger avec lui sur le fascisme. Il choisit de mettre à l’écran une nouvelle russe qui rend compte du comportement des autorités et de la population à l’apogée de la période de terreur Stalinienne. Ce récit, troublant par instant par l’humour distant qu’il déploie, en contraste avec la simplicité (et l’efficacité de sa mise en scène) se montre à nous comme une énigme, résumé par le directeur de prison: avant la révolution, un personnage attend en prison, après la prison, la prison l’attend, suscitant l’éclat de rire de son inférieur hiérarchique. Le film nous ouvre les portes de cette prison, et les refermera, entre temps il aura suivi les pas, mais surtout la volonté d’un jeune procureur, de bien exercer son métier, c’est à dire de veiller à ce que la justice soit rendue sans erreur. Son opiniâtreté, sa patience, son approche vertueuse, son utopie d’un monde meilleur seront perçus autour de lui comme une grande naïveté. Simplement, implacablement, Loznitsa nous donne à voir trois fondamentaux du fascisme: une terreur exercée par des tyrans, une hiérarchie qui suit les tyrans, de manière zélée et met en place un système qui broie toute contestation, et une population qui se résigne, se tait, cherche avant tout à éviter de se faire mal voir, et en cela, regarde d’un mauvais œil ceux qui pourraient les entraîner dans une lutte qui feraient d’eux des opposants, et les mettrait de fait en danger. Il s’appuie également sur un principe de boucle infinie, voire réflexive, kafkaienne, qui traduit la difficulté de se sortir d’un fascisme installé, mais aussi renvoie à l’enfer administratif si propre aux dictatures socialistes. Le titre deux procureurs lui même comporte sa grande part d’ironie, note principale de l’ensemble, avec l’absurde que la situation renvoie (le procureur a une fonction, mais il n’a aucun pouvoir, aucun contre pouvoir, et s’il vient à en avoir, cela joue contre lui, la machine s’auto entretient). A noter que les organisateurs du festival de Cannes ont eu la chic idée de projeter deux procureurs juste avant un autre film assez semblable dans sa thématique, Dossier 137 de Dominik Moll, à ceci près que l’un ausculte un passé lointain pour interroger le présent, quand l’autre s’intéresse à un passé proche.

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