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Les Linceuls – Cronenberg et le deuil

Mis à jour le 8 juin, 2024

Un film de David Cronenberg

Avec: Vincent Cassel, Diane Kruger, Guy Pearce, Sandrine Holt, Elizabeth Saunders, Jennifer Dale, Steve Switzman, Ingvar E. Sigurðsson, Jeff Yung, Eric Weinthal

Karsh, 50 ans, est un homme d’affaires renommé. Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met en quête des coupables.

Les Linceuls (The Shrouds) ne donne pas beaucoup à manger aux critiques, si ce n’est à ceux tenter d’y voir des autoréférences ou d’énièmes motifs – qualifiés de Cronenbergien par les puristes – qui s’y répètent de façon obsédante. Le deuil qui pourrait être au centre du film l’est sous un angle sexuel (perte du désir, souvenir des corps, réappropriation du désir par le fantasme) ou comploto-technologique. Sont en effet ici de services: la machinerie glauquissime, les corps mutilés désirés, la gémellité, la nudité, un pseudo génie biologico-informatique, la paranoïa, les dialogues creux pseudo scientisés pour alimenter un thriller alenti. Une vague intrigue se dessine qui ne livre pas ses clés et invite le spectateur à prendre patience et à attendre Le dénouement. Le mystère ne pouvant alors que perdurer, ce qui constitue la principale réussite du film. Dans l’interstice, le double de Cronenberg (Vincent Cassel très neutre) reprend goût au sexe et y voit plus clair, au propre comme au figuré, sur ce qui se passe dans la tombe de sa femme, mais aussi sur ses derniers instants où elle était encore à ses côtés. Bien entendu, l’imaginaire Cronenbergien reprend le dessus à ce niveau, et le souvenir se trouve amplement parasité – métaphore de ce qui se passe dans les tombes – par le fantasme d’un corps charcuté par un chirurgien, que le personnage vient à représenter tel le grand méchant loup qui lui aurait volé sa femme. La transposition à l’écran de ce qui traverse son esprit reste froide comme la mort. Le deuil reste un sujet sensible difficile à traiter au cinéma, fut-ce cathartique ou inspiré d’un fait de la biographie de son auteur. Cronenberg, en s’adonnant à un exercice de style et d’acrobate, ne parvient pas à émouvoir à vouloir transposer son propre ressenti, sa part intime, dans cet univers fictif qu’il reproduit de film SF en film SF, là où un Sautet nous touchait, au cœur précisément – les tripes ça va 5 minutes – en puisant dans la confusion sentimentale, en s’inscrivant dans un fictif autrement plus réel, plus ancré (Les choses de la vie) .

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