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Les Herbes Sèches

Mis à jour le 27 mai, 2023

Un film de Nuri Bilge Ceylan

Avec: Deniz Celiloğlu, Merve Dizdar, Musab Ekici, Murat Kılıç, Onur Gürçay

Dans un village isolé d’Anatolie. Samet, jeune professeur célibataire, finit son service obligatoire en espérant être nommé à Istanbul. Son affectation manquée, il perd alors tout espoir d’échapper à la vie morose dans laquelle il semble embourbé. Mais sa rencontre avec Nuray, professeure comme lui, va peut-être lui permettre d’aller au-delà de ses idées noires et de ses appréhensions.

Notre avis 1: **

Il est peu de dire que nous attendions avec beaucoup d’impatience de découvrir le nouveau film de Nuri Bilge Ceylan, l’un des rares cinéastes capable d’allier un fond d’une rare intelligence avec une forme d’exception. Résolument, il fait parti des quelques maîtres encore en exercice, ils ne sont pas légion. Ainsi, un mauvais Nuri Bilge Ceylan reste au pire, un très bon film … Ainsi des Herbes sèches. Le film démarre comme si souvent dans les films du maître turc par poser son sujet, introduire élégamment ses décors, et ses personnages, le plus souvent dans une démarche photographique classieuse, qui laisse la place à la nature, aux éléments, et aux lumières naturelles, celles des saisons, celle que les paysages sculpte. Ici, un professeur, qui nous est présenté sous des aspects différents. D’un côté, la noblesse de sa fonction, son attractivité sur ses élèves, sa popularité, son côté monsieur tout le monde accessible, réfléchi, et posé. Un homme utile dans une campagne où il s’ennuie, et qu’il aspire à quitter le plus vite possible. Autour de lui, d’autres professeurs, dont certains sont ses amis, des élèves, et quelques femmes, parmi lesquelles son amie, qu’il apprécie pour son intelligence et son visage, mais handicapée, et qu’il escompte présenté à son ami professeur, se cherchant une compagne, arguant de son côté qu’il préfère ne pas la peiner n’étant dans la région que de passage, et, mettant en avant également ses origines ethniques et religieuses éloignées de cette dernière (fraction d’une population kurde). L’homme par certains aspects peut nous apparaître bon, mais par d’autres, Ceylan projette sur lui une zone d’ombre, mystérieuse, une forme de dilemne que le film nous invitera à chercher à résoudre. L’image qu’il se donne, la bonne conscience qu’il s’accorde, résistent-t-elle à ses pulsions masculines, à son désir de plaire ? Son détachement ne masque-t-il pas une profonde misanthropie ? Ses agissements étranges envers quelques élèves privilégiées, qu’il prend par l’épaule, console et complimentent, et dont il constate en retour l’effet qu’il produit sur elle, son narcissisme donc, ne cache-t-il pas une monstruosité plus importante ? Nuri Bilge Ceylan, une fois n’est pas coutume ne vise pas à clarifier les questions, au contraire, il tend davantage à brouiller les pistes, et s’autorise quelques virages qu’on ne connaissait pas nécessairement dans ses œuvres précédentes, marque d’une ambition de renouvellement mais peut être aussi d’une part de manque d’inspiration. Car les herbes sèches, comme tout les films de Ceylan, brille par la subtilité et la multiplicité de ses thématiques, avec un regard toujours aussi philosophique, notamment en ce qui concerne la nature humaine, ce à a quoi tient une relation amicale, ou amoureuse, et leurs limites, quand plusieurs « amis » partagent des objectifs communs mais que tous ne pourront les atteindre. Les coups bas, les bassesses, les petites ambitions personnelles sont auscultées au peigne fin, et Ceylan évoque aussi de la sorte tout un système compétitif, mis en place en Turquie, et condamne quelque part la perte de valeurs qu’il peut en résulter. Formellement, Ceylan s’essaye pour la première fois à des mises en abîmes. Celle qui consiste à intégrer la photographie (à la manière également de Wes Anderson dans Asteroid City) directement dans le récit produit son effet, celle qui consiste à proposer un entracte où l’acteur et l’homme viennent à se confondre (que l’on ne vous révélera bien entendu pas) surprend dans le bon sens du terme, et nous aurions même pu penser à un coup de génie, si ce « turning point » avait été suivi d’un virement profond du personnage ou du récit. En lieu et place, Ceylan commet de notre point de vu cette erreur de vouloir résoudre les intrigues qu’il avait commencé par semer. Là où nous attendions un décollement, une ouverture, nous trouvons en lieu et place une forme de resserrement et de fermeture qui, malheureusement, produit plus des effets de redites ou de désenchantement que d’éclairages nouveaux, conférant à l’ensemble, ce qui est rare pour Ceylan, un problème de rythme. D’autant plus regrettable, que Ceylan retrouve de l’inspiration, poétique, pour son final, tarkovskien et éngimatique.

Notre avis 2: ***

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