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King’s Land (The Promised Land) de Nikolaj Arcel 

Mis à jour le 17 janvier, 2024

Un film de Nikolaj Arcel

Avec: Mads Mikkelsen, Amanda Collin, Simon Bennebjerg, Kristine Kujath Thorp, Gustav Lindh, Jacob Ulrik Lohmann, Morten Hee Andersen, Magnus Krepper, Felix Kramer, Thomas W. Gabrielsson

XVIIIème siècle. Frédéric V (roi de Danemark) déclare que la région sauvage et impitoyable du Jutland devait être colonisée afin que la civilisation puisse y vivre et travailler et que de nouveaux impôts soient générés pour la maison royale. En 1755, un soldat solitaire, Ludvig Kahlen, s’y aventure.

Notre avis: **(*)

Quelque part entre un récit de Heinrich von Kleist à la Michael Kolhaas, une observation mallickienne sur la condition humaine, le destin individuel et collectif (mais sans conditions religieuses) tel ce que pouvait donner à voir Les Moissons du ciel, King’s land possède trois qualités manifestes qui nous permettent de l’apprécier. En premier lieu, son scénario, patient, méticuleux, prévoit pour chacun de ses personnages, une identité claire, une quête identifiable, des aspirations simples, des ambitions, des sentiments, des ressentiments, des espoirs et des retours de bâton, de manière savamment équilibrée, et des évolutions qui, sans jouer la surenchère, le twist, permet au spectateur de garder une certaine curiosité sur la durée du récit. Limpide sans être prévisible, riche sans être complexe ou ardu. L’âpreté générale du récit, qui se doit d’être perceptible pour susciter une concentration du spectateur, susciter en lui un émoi quant à à l’injustice régnante, va de pair avec les décors naturels rocailleux, le mutisme du héros principal, l’isolement dans lequel celui-ci s’enferme pour suivre ce qu’il pense être sa destinée, son échappatoire, en homme d’honneur. Son orgueil, sa détermination, sa droiture, sa force méritaient une incarnation forte, une expressivité dans le regard ou le geste, exercice dans lequel Mads Mikkelsen excelle. L’épurement global du récit, de la mise en scène, du jeu, contribue à cette atmosphère générale d’austérité, laquelle offre une grammaire philosophique qui interroge les bases de la condition humaine, les sentiments primaires, les besoins essentiels, éloignés de toute sophistication ou échappatoires (loisirs, distractions, relations sociales, …). Enfin, notre avis n’eut pas été si positif si le film ne présentait pas par ailleurs, une singularité intéressante. Il nous a en effet semblé, qu’en nous parlant d’un temps lointain, révolu, d’aspirations qui peuvent sembler désuète et non avenues, le réalisateur danois Nikolaj Arcel portait en lui une intention tout autre, nous renvoyant à aujourd’hui, aux comportements primaires qui toujours sévissent: racisme, peur d’autrui, jalousie, luttes de pouvoir ou d’influence, maltraitances, humiliations, cruautés, injustices liées à la caste sociale de laquelle une personne est issue. Tout ceci pouvant se retrouver notamment dans la société d’aujourd’hui, dans des cercles tels que la politique, les cours de récréation, au sein des grandes entreprises, dans les villages comme dans les villes … Cette terre promise, cette terre des rois, renvoie nécessairement à la répartition des richesses qui peut aujourd’hui se faire alors qu’un système de société a pris le pas sur les autres, le capitalisme, usine à rêve qui laisse penser que tout à chacun, par son labeur, son courage, sa volonté, sa détermination peut réussir, can make it ! Le faire mais à quel prix ? pour quel sacrifice ? pour quel pourcentage de succès ? Au détriment du bonheur lui même ?

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