Une riche famille anglaise passe de luxueuses vacances à Acapulco quand l’annonce d’un décès les force à rentrer d’urgence à Londres. Au moment d’embarquer, Neil affirme qu’il a oublié son passeport dans sa chambre d’hôtel. En sortant de l’aéroport, il demande à un taxi de le déposer dans l’hôtel de son choix et se retrouve dans une modeste pension d’Acapulco…
Dans Sundown, le dernier film du cinéaste mexicain renommé Michel Franco, circule un élan de mystère, qui, envahit petit à petit tout l’espace narratif. L’enjeu du film se développe dans le non-dit, et par cela, nous découvrons un personnage dont le motif des gestes et des décisions semble totalement incompréhensible. Censément, lui-même n’arrive pas à le connaitre, au moins à l’avouer. Choix énigmatique de la part du cinéaste, de se concentrer sur un personnage étrange et de le situer dans un milieu étranger. Cette étrangeté constitue le charme du récit, et caractérise la mise-en-scène.
Le film tourne autour d’une question d’ordre moral. Le comportement de Neil, personnage principal, vis-à-vis de sa soeur, sera jugé immoral dans une société basée sur certaines valeurs acceptées par tous (notons que pendant la première partie, nous ne savons pas qu’ils sont frère et sœur, nous pouvons donc nous tromper et les croire en couple, ce qui représente encore un choix énigmatique – voire pervers – du scénario).
Que cherche à fuir Neil? Qu’est-ce qui l’attire dans un pays à l’autre bout du monde, certes exotique, mais visiblement dangereux? Un désir de liberté proclamé si radicalement? Honte de classe ou de race? Quoiqu’il en soit, Neil change de vie du jour au lendemain. Un jour, il n’en peut plus. Sans rien expliquer à personne, il se balade tout seul, sous un soleil brûlant, sur les plages et dans les marchés d’un village inconnu, il séduit une femme par hasard, il se construit une nouvelle vie. Cette situation, non comprise, non théorisée et surtout non assumée, telle qu’elle est montrée dans le film, rappelle la notion Camusienne de l’absurde. Et le film (notamment la psychologie du personnage) semble fortement inspiré d’un des romans manifestes de cette philosophie: L’Etranger. Il est important de noter la qualité extraordinaire de l’interprétation de Tim Roth, dont le visage neutre et les gestes minimaux incarnent parfaitement cette absurdité.
Michel Franco, cinéaste provocateur dont l’œuvre est souvent comparée avec les films de Haneke, utilise de moins en moins le pathos pour proposer ici un cinéma froid, difficile à cerner, qui camoufle des enjeux politiques et sociaux forts. Un cinéma qui donne à réfléchir.
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