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Sans jamais nous connaitre: beau est toujours étrange

Mis à jour le 16 février, 2024

À Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi.

Le cinéaste britannique Andrew Haigh a développé le scénario de son dernier long-métrage, Sans jamais nous connaitre, de manière à mettre en image le flux continu des pensées de son personnage, sans contrainte de logique narrative spatio-temporelle, ce qui rappelle la technique littéraire de « flux de conscience ». Adapté du roman de Taichi Yamada, paru en 1987 au Japon, et adapté au cinéma pour la première fois l’année suivante par le cinéaste japonais Nobuhiko Obayachi, le récit plonge littéralement dans les pensées, les sensations, les expériences traumatiques et les souvenirs d’Adam, scénariste abandonné à Londres comme dans un monde post-apocalyptique vidé de tout être humain réel, là où le passé, le présent, et les fantasmes se mélangent, de façon particulièrement inattendue. Par cet aspect, il emploie certains codes du cinéma de genre, sans jamais vraiment y adhérer.

Le film s’inscrit dans une démarche intimiste, et se concentre sur les relations d’Adam avec les personnes les plus proches de sa vie: ses parents, et Harry, un voisin qui devient très vite un amant privilégié. Ce cadre minimal permet au cinéaste de laisser suffisamment de temps à chaque personnage pour se dévoiler, et de dessiner les sentiments mélancoliques et douloureux d’Adam vis-à-vis de l’expérience psychologique qu’il traverse. Chaque scène s’avère soignée, généreuse, agréablement longue. Dans le magnifique et sensuel décor nocturne de la métropole de Londres, parmi les lumières clignotantes de gratte-ciel, la musique enivrante de boites de nuit, et les déambulations dans le métro, nous découvrons, subtilement, lentement, étrangement, et au même titre d’Adam, perdu dans son imagination, qu’aucun des personnages qui l’entourent n’est réellement vivant. Rien ne ressemble à ce qu’il doit ressembler. A ce titre-là, le métier d’Adam, scénariste, qui travaille dans la sphère imaginaire, semble particulièrement signifiant.

Sur le plan visuel donc, Sans jamais nous connaitre dessine une image purement urbaine, ultra-moderne, inexplicablement belle. Cette modernité se trouve également sur le plan narratif, qui ne raconte pas une histoire, mais cherche à creuser le plus profondément possible l’état d’esprit du protagoniste. Il est intéressant de noter que ce film qui choisit, comme point de départ et comme sujet central, l’homosexualité (et la difficulté à la vivre, à l’expliquer aux autres), n’a aucunement l’intention de proposer un drame social, comme souvent, mais instaure, en lieu et place, une expérience sensorielle unique.

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