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Roschdy Zem et les siens

Moussa a toujours été gentil, altruiste et présent pour sa famille. Contrairement à son frère Ryad, un présentateur de télévision très en vue qui est largement critiqué par son entourage pour son égocentrisme. Son seul défenseur est Moussa, qui éprouve une grande admiration pour son frère. Puis une chute accidentelle laisse Moussa avec un grave traumatisme crânien. Devenu méconnaissable, il parle sans filtre, assène des vérités brutales à ses amis et à sa famille, et finit par se brouiller avec tout le monde, sauf avec Ryad…

Les Miens de Roschdy Zem fut projeté en compétition à la Mostra de Venise. Roschdy Zem a co-écrit le film avec Maiwenn : son influence est manifeste, que ce soit au niveau des dialogues punchés, de la relation au rythme des émotions, ou des thématiques familiales. Tout ce qui rapproche son cinéma de celui de Pialat. Mais il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bel et bien d’un film de Roschdy Zem, qui y glisse non seulement son propre matériau familial (on imagine), ses fantasmes (il s’invente un rôle de commentateur d’une émission de football, le late football club très fortement inspiré du Canal Football Club), son ressenti vis à vis de la famille mais aussi ses idées et convictions. On imagine aisément que les reproches qui sont adressés à son personnage dans le film par ses frères et sœurs et son épouse sont ceux qui lui sont adressés dans la vraie vie, par analogie de position sociale (il est celui de la famille qui réussit et est très occupé par son travail). Le matériau intime lui appartient donc, et ce n’est nul hasard s’il confie le rôle principal à son ami Sami Bouajila et enrôle également sa fille Nina. Mais tous ces éléments valent décor quant à la véritable thématique traversée par le film, ou plus exactement permettent d’alimenter le premier niveau de lecture, celui de l’histoire familiale intime, et de l’évènement qui va venir changer la donne, libérer la parole (la catharsis si chère à Maiwenn).

Car à se référer au titre, Les miens, l’ambition nous semble plus large, ce qui se joue au sein de cette famille porte une dimension symbolique assez évidentes (souvenez-vous par par exemple de Synonymes et de ses personnages Nation). L’entraide entre frères et sœurs, le rapport de soumission, l’emprise quasi maternelle de la sœur sur toute sa famille, le reproche d’abandon de la famille, la déchirure, le divorce, la reconstruction après le traumatisme … et si Roschdy Zem nous parlait des siens au sens plus global, de son peuple, et de son rapport à la France … Outre sa bonne idée conceptuelle, Les miens développe une intrigue qui surprend, dont on se demande le degré de fantaisie, et le final peu prévisible vient nous confirmer que sa sélection en compétition officielle (malgré son apparence très grand public) se justifiait bien.

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