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Les Intranquilles de Joachim Lafosse: du cinéma vérité

Mis à jour le 26 février, 2022

Un couple avec un enfant voit leur vie commune être affectée par la bipolarité d’un des deux parents.

Nous étions resté avec Joachim Lafosse sur un film, l‘économie du couple avec Bérénice Béjo et Cédric Kahn, sur un film plutôt bien observé, plutôt bien interprété, qui, s’il pouvait emprunter une certaine force à Pialat, restait au final un travail plus appliqué que captivant. Les Intranquilles présenté à Cannes en sélection officielle parmi les derniers films fut résolument l’un de nos grands coups de coeur (avant que France et son côté plus arty vienne nous faire changer d’avis). Nous twittions alors :

#lesintranquilles#cannes2021 pour sa justesse et son regard doit être récompensé. A minima le prix d’ interprétation serait mérité pour Damien Bonnard particulièrement convaincant. Dans une compétition où les œuvres les plus intéressantes sur le plan artistique (BenedettaTitane, et dans une moindre mesure Annette) ne nous ont pas nécessairement pleinement convaincus sur le fond (trop grand détachement pour Verhoeven, manque de crédibilité pour Ducournau, trop de répétitions et dialogues faibles d’Annette), Les Intranquilles pourrait se voir décerner un prix majeur.

Il s’agit, en effet, et sans aucun doute du film le plus abouti de Joachim Lafosse. Il traite avec une justesse rare d’un sujet généreusement massacré par le cinéma: la bipolarité, les limites de la psychiatrie, la répercussion sur les autres, mais aussi et surtout, le regard très erroné de beaucoup (ici du personnage joué également avec justesse par Leila Bekthi).

Le film se paye aussi le luxe d’intégrer dans son déroulement le confinement et la période que l’on vient de vivre, rajoutant du trouble et de la fantaisie. En décalage avec la rigueur du portrait et du cadre général du récit, il se permet de proposer avec humour quelques phrases qui nous sont si familières aujourd’hui :  » on s’en fout des masques « .

L’effet est troublant, car il démontre la dynamicité de l’écriture, qui s’est adaptée au contexte vécu. Lafosse a ainsi enrichi son scénario original d’un volet observé sur le moment du tournage, impliquant à ce niveau pleinement ses acteurs. Ce parti-pris détonne à considérer la grande rigueur d’écriture et de direction d’acteurs que le récit demandait. Il nous semble que Lafosse comme Bonnard connaissaient leur sujet sur les doigts, qu’il était fait pour l’un comme pour l’autre.

Les Intranquilles nous touche par son acuité et la vérité qui s’en dégage. Un film nécessaire et beau.

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