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Petite nature: Samuel Theis seul derrière la caméra

Johnny a dix ans. Mais à son âge, il ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale agitée de sa jeune mère. Cette année, il intègre la classe de Monsieur Adamski, un jeune titulaire qui croit en lui et avec lequel il pousse la porte d’un nouveau monde.

Le premier long métrage de Samuel Theis (sans ses acolytes Marie Amachoukeli et Claire Burger avec qui il a précédemment travaillé, notamment Party Girl, qui leur avait rapporté le prix Un Certain Regard) , était fort attendu.

Sa sélection à la Semaine de la critique et la réputation qui le précédait déjà laissait entendre que nous pourrions de nouveau être embarqué dans une histoire émouvante, au regard appréciable. D’emblée, par la dynamicité de ses mouvements (de caméra et à l’écran) il nous est donné à voir une exposition que l’on retrouve d’ordinaire plutôt outre-Atlantique, du côté des films sociaux à l’américaine (version indé/Sundance/Deauville), mais petit à petit le style glisse (de manière un peu trop rapide à notre goût) vers une facture plus française, un mélange de Pialat et Doillon, qui serait ramené à notre époque, sans composante nostalgique ou témoignage d’un temps qui n’existe plus. D’un côté, Theis opte pour une forme de brutalité des évènements, de la condition sociale, de l’autre, il dépeint un rapport fils mère plein d’amour ambivalent, sa caméra suit les pas du jeune héros, interprété par Aliocha Reinert, trié sur le volet, notamment pour cette caractéristique que l’on retrouve par exemple chez Depardieu: un mélange de force, de brutalité naturelle doublée d’une sensibilité à fleur de peau.

Dans l’ensemble, le récit nous tient, par l’émotion. S’il souffre de quelques raccourcis un peu étranges, psychologiques (le portrait de la mère et du professeur, le sous-texte autour de l’homosexualité) ou accélérateurs de récits, si la composition du jeune acteur tend quelque peu à éclipser celle d’Antoine Reinartz, Izia Higelin, ou Mélissa Olexa) il bénéficie de suffisamment de finesse, de développement et de rebond pour nous concerner de tout son long. Samuel Theis, comme dans ses réalisations précédentes (en collectif, ou dans ses courts métrages) sait rendre grâce à sa région natale, mettre en avant la beauté des paysages vosgiens, sans chercher à appuyer trop fort sur le tissu économique local. Il aime sa région et nous le transmet, se détachant des clichés économico-sociaux apitoyants – nous sommes en cela aux antipodes de Ken Loach.

Lors de sa projection à la Semaine de la Critique cette année, le film n’a peut être pas reçu un accueil aussi triomphal que celui que Party Girl avait pu recevoir lors de l’ouverture (et plus encore pour le clôture d’Un Certain Regard à Cannes en 2014) que l’on vous rediffuse pour le plaisir …

mais il fut tout de même très bon …


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