Mis à jour le 7 mai, 2018
Adrien, timide, n’a pas la vie facile. Bousculé depuis que ses parents sont séparés, il partage son temps entre son père et sa mère. Un jour, il prend conscience d’une douloureuse vérité qui va tout changer, non seulement pour lui, mais également pour toute sa famille. Le jeune garçon se met à jouer dans une pièce de théâtre pour se rapprocher d’une jeune fille dont il est tombé amoureux. Dans cette période difficile, il veut comprendre ce que signifie le fait d’être courageux.
En sortie DVD, le rire de ma mère fait parti de ces quelques bons films français qui bénéficient d’un sujet et qui s’attachent à une forme respectueuse de celui-ci, très loin des films de commande où le sujet est prétexte à une énième répétition d’une quelconque recette à succès, laquelle évoluant d’année en année. On peut parler du rire de ma mère donc, comme d’un « vrai » film ou au choix, comme d’un film « original ». Pourtant cette dernière appellation n’est pas celle qui convient le mieux, car ni le sujet ni la forme ne vous seront nouvelles. Vous y verrez sans nul doute quelque air qui vous semblera familier.
La faute, ou plus exactement le mérite, en revient en premier à la sublime prestation de Suzanne Clément, dont le talent n’a pas pu vous échapper dans les différents films où Xavier Dolan l’a enrôlé, à très juste titre, pour sa capacité à enflammer, à rayonner, à émouvoir, à dramatiser – Laurence Anyways, Mommy. Une actrice, une vraie ! Un rire, une joie de vivre, une énergie, qui ne peut que masquer des blessures, les combattre. Voilà pour le sujet ! Les deux réalisateurs, Colombe Savignac, Pascal Ralite, ne s’y sont pas absolument pas trompés en la retenant, après avoir vu le film, il est difficile d’imaginer qui aurait pu soutenir la comparaison – peut être Juliette Binoche ?
Reste donc la forme, qui elle aussi, vous semblera, et c’est là encore un mérite, familière – les auteurs citent en référence Cassavettes, Pialat, ou Sautet [grand écard!]. Là où beaucoup se seraient intéressés en premier au personnage principal, au sujet, le scénario prend ici le soin de caresser un autre possible, d’embrasser une autre perspective, celle d’un futur, d’une continuité, par le prisme du regard de l’enfant. L’effet produit n’est pas sans ambivalence, doux amer a minima. D’une part, l’identification est peut être plus immédiate, plus universelle – nous avons tous été un enfant, nous avons tous porté un regard sur nos parents, tout le monde ne ressemble pas forcément à la mère interprétée par Suzanne Clément-, d’autre part, la distance prise, atténue le psycho drame, lui confère une vision positive, aux accents parfois nostalgiques, par anticipation. Une forme d’exorcisme pourrait-on dire, qui choisit de ne pas heurter, de ne pas froisser; privilégie l’émotion positive: les larmes de joies se mêlent aux larmes tout court, quand, au même instant, un avenir se dessine, envers et contre le décor.
Appliqué, vivant, touchant, Le rire de ma mère n’est pas à classer dans les œuvres majestueuses, son intention n’y réside pas, mais assurément dans les films de qualité, bénéficiant d’une forme soignée, et d’un casting convaincant (Sabrina Seyvecou, Pascal Demolon, Igor Van Dessel sont très loin de démériter même si Suzanne Clément capte assurément la lumière)
PS: on avait eu la chance de rencontrer Suzanne Clément il y a quelques années pour une interview fort sympathique que l’on ressort des archives:
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