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L’affranchie

Contrairement à ce que pourrait laisser croire son titre français, L’Affranchie (La Ragazza del mondo en V.O) ne traite en rien du monde mafieux. Il est question d’une jeune fille, Giulia, jeune témoin de Jéhovah, dont le destin va basculer lors de sa rencontre avec un certain Libero, un jeune homme à l’opposé du monde qu’elle côtoie.

« Je ne suis pas au monde » disait le poète. Giulia ne l’est justement pas, comme sa famille et tous les fervents témoins de Jéhovah qui l’entourent. Bien qu’elle soit excellente élève, pour des raisons religieuses et misogynes, on lui refuse, entre autres interdits, de faire des études supérieures.

Le début du film nous montre une adolescente très sérieuse, rigoureuse, renfermée, qui, en dehors de ses cours, se consacre entièrement aux Témoins de Jéhovah. L’un des intérêts de l’œuvre de Marco Danieli est de nous faire connaître le fonctionnement interne des Témoins de Jéhovah, fonctionnement qui ressemble à s’y méprendre à une entreprise ultra moderne et ultra efficace à l’image des Scientologues, à des milliers de lieues de l’image que nous en avons, à savoir celle de gens distribuant des prospectus dans la rue ou faisant du porte à porte. Un entreprise prosélyte, inquisitrice où l’on « excommunie » les jeunes gens osant fréquenter ou faire l’amour avec « des gens du monde » (les gens du monde étant les autres, ceux qui ne sont pas Témoins de Jéhovah).

Guilia, dénoncée par sa petite sœur, est obligée, en choisissant l’amour risqué,  de partir de sa famille, et donc de s’affranchir, d’être au monde. Comme souvent les contraires s’attirent, l’élu de son cœur est un jeune homme bien plus âgé qu’elle, ex taulard, rustre colérique et bestial -bien qu’amoureux.

La subtilité du film fait que rien n’est forcément prédictible dans ce récit initiatique des plus originaux. Sara Serraiocco joue parfaitement ce rôle complexe et tout en nuances et nous fait penser à une toute jeune Asia Argento (celle que l’on trouvait dans Les Amies de coeur de Michele Placido). La caméra sait toujours où se poser, l’image est soignée et les autres interprètes sont tout en justesse, sans manichéisme ou caricature. L’un des meilleurs films italiens de l’année, assurément.

 

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