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Emily, affaire de mots ou de lyrisme

La vie imaginaire de l’une des autrices les plus célèbres du monde, Emily Brontë. Emily est le voyage initiatique, exaltant et édifiant d’une rebelle et d’une inadaptée vers la maturité féminine. Explorant les relations qui l’ont inspirée – sa relation brute et passionnée avec ses sœurs Charlotte et Anne, son premier amour douloureux et interdit pour Weightman, et l’attention qu’elle porte à son frère Branwell, qu’elle idolâtre, le film dresse le portrait de l’une des écrivaines les plus énigmatiques et provocatrices du monde, disparue trop tôt, à l’âge de 30 ans.

Notre avis : ***

L’influence d’Emily Bronte sur la réalisatrice Frances O Connor n’est pas sans rappeler la relation que Jane Campion entretient avec la littérature (d’une manière générale, mais aussi avec Bronte). Il convient de traduire à l’écran la noblesse de la poésie, de rendre grâce à une forme de romantisme, où la nature accompagne les destins de femmes (ou d’hommes) inspirées et inspirantes. Frances O Connor invite le spectateur, un peu moins de deux heures durant, à observer le monde à la manière d’Emily Bronte. Le ressenti occupe une place centrale, le défi consiste précisément à ce qu’il rejaillisse, par les images, par les mots – en somme à proposer un film d’art.


Emily s’affaire également à traiter de la famille, que ce soit l’attraction et l’amour assumé de notre héroïne (intéressante Emma Mackay) avec son frère, fanstasque, libre mais superficiel, et inconséquent, ou celle radicalement opposée avec sa sœur Charlotte, bien plus froide, faite de rancœurs, déceptions, rivalités, petites jalousies, et divergences d’opinions mais autrement plus complexe (amour-haine, amour refoulé ou amour complexe en contradiction avec l’amour simple et naturel avec son frère).

L’amour, il en est également question, dans la relation qu’Emily Bronte noue avec l’homme à qui l’on confie une part de son éducation, là aussi malgré une grande différence de vision sur la façon d’aborder la vie (l’excès, la passion en opposition à la rigueur, à l’austérité moraliste). Emily aime provoquer, elle aime s’évader, elle aime courir, garder son âme d’enfants, et enfreindre les règles. Le film n’atteint peut-être pas la grâce d’un Bright Star de Jane Campion, mais il réussit cet exercice quasi imposé de nous transposer dans l’œuvre même d’Emily Bronte, dans ces Hauts du Hurlevent, si lyrique, et de nous en faire ressortir, parfois avec une intéressante habilité et inventivité cinématographique.

Ainsi entre les mots très écrits, décelons-nous quelques très jolis plans, quelques jolies transitions, quelques images bien construites qui surgissent d’un ensemble majoritairement plus classique et appliqué. Revenons donc sur le remarquable travail sur la langue, les proses empruntés des écrits de Bronte, mais aussi celui sur la langue française, auquel s’adonnent Frances O Connor, mais aussi Emma Mackay, particulièrement juste et crédible en Emily Bronte .

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