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Contes du hasard et autres fantaisies : éclairage de l’intime

Mis à jour le 6 septembre, 2023

Si Contes du hasard et autres fantaisies a été récompensé par le Grand Prix du Jury de la Berlinale 2021, ce n’est que depuis peu que nous pouvons découvrir le dernier film de Ryusuke Hamaguchi en salles.

Malgré le succès de Drive My Car lui valant une renommée nouvelle, Hamaguchi n’en est pas à son premier film. Connu de la scène occidentale pour Senses ou encore Asako I & II présenté à Cannes, le réalisateur a bénéficié d’une rétrospective à la Maison de la culture du Japon à Paris en 2019, rétrospective au juste titre de « Enregistrer l’intime ».

Dans Contes du hasard et autres fantaisies, Hamaguchi nous livre des fragments d’histoires, des morceaux de vies portés par trois protagonistes principales. En réalité, ces fragments de vie concentrent en eux-mêmes les rapports complexes qu’entretiennent ces figures féminines aux sentiments, mais aussi avec elles-mêmes. La confrontation avec un ex, aux allures de provocation d’un soir, éclaire la lutte intérieure de la jeune Meiko. La tentative d’humiliation du professeur par Tsugumi révèlera sa propre solitude. Quant à l’histoire de Moka, en voulant à tout prix retrouver son amour d’enfance, c’est à une inconnue qu’elle s’adresse pour tenter de faire le deuil de cette relation. Film très littéraire, les dialogues du long-métrage opérés dans un face à face entre deux êtres, ne sont finalement que prétextes pour ce qui s’avère être une introspection, permettant de poser un sens aux actions passées pour affronter le moment présent.

Sur la forme, ce recueil de trois courts-métrages présente trois histoires qui s’installent dans des durées toujours plus importantes. La première se déroule probablement en l’espace de quelques jours ; la deuxième sur quelques semaines (comportant néanmoins un prologue) ; la dernière histoire, quant à elle, se concentre sur une seule journée, mais explore une vingtaine d’année. Hamaguchi interroge le temps nécessaire pour régler les situations, ces peines de cœur plus ou moins conscientisées. Ce jeu sur la temporalité est associé à une forme de tournage plus expérimentale que les précédentes œuvres d’Hamaguchi. Beaucoup moins contemplatif, la caméra alterne entre de longs plans séquences très sobres, des mouvements de caméra très lents, et des plans fixes. La technique tient beaucoup d’Hong Sang-Soo, et on ne peut s’empêcher de reconnaître son style lors des mouvements de zoom sur les visages figées face caméra lors de paroles importantes.

Espérons qu’à la manière du réalisateur coréen, Hamaguchi sache également si bien manier les styles et essayer sans cesse de nouvelles formes pour montrer cet éclairage intime dont il est maître, et dont nous ressentons toute la poésie.

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