Mis à jour le 23 janvier, 2023
Les années 1920 voient apparaitre des stars du cinéma muet mais assistent également à leur chute à l’ère du parlant sur fond d’excès, de démesure et d’exigence.
L’ancienne cité antique mésopotamienne Babylone était synonyme d’abondance, de richesse et de dépravation. Ainsi, le nouveau long métrage de Damien Chazelle, au titre éponyme, nous plonge d’emblée dans un univers festif et outrancier, à l’âge d’or du cinéma muet.
Une mise en scène opulente
Le cinéaste de La La Land met en scène les fêtes luxuriantes de cette période mêlant tous les excès, sexe, drogue jusqu’à l’overdose à l’aide de plusieurs plans-séquences pour mieux introduire un décor où tout est permis, jouissif voire choquant, base explicative à la suite de l’intrigue. A l’instar des personnages, le spectateur ne se languit pas et se voit volontiers emporté par l’action comme l’est Nelly LaRoy, jeune actrice extravagante et ambitieuse, exceptionnellement interprétée par Margot Robbie.
L’industrie cinématographique de l’époque poussait les réalisateurs à diriger intensément les acteurs, Chazelle le fait ressortir et le rythme du long métrage n’a de cesse de s’accélérer. L’incrustation de titres par Damien Chazelle pour indiquer l’heure dans le premier tiers de Babylon vise à rendre compte de l’amplitude du travail des comédiens à l’apogée du cinéma muet. Cette intensité trouve son paroxysme lors d’une scène de tournage retranscrite où le réalisateur exige envers et contre tous de filmer sa séquence avant la fin du coucher de soleil, pour avoir la meilleure lumière malgré la destruction de certaines caméras. Ainsi, son assistant Manuel Torres (Diego Calva) doit se précipiter pour remplacer ces cameras à temps et use de tous les stratagèmes possibles pour arriver à ses fins.
Un hommage direct au cinéma
Babylon s’évertue à proposer une réflexion continue sur le cinéma et se rapproche du métafilm. Alors que Jack Conrad (Brad Pitt) est effrayé par sa disparition, une critique Elinor St John (Jean Smart) lui fait comprendre, au fur et à mesure de sa carrière, qu’il continuera de vivre à travers le grand écran. À l’inverse, Nelly LaRoy et Manuel Torres reconnaissent, dès le début du film, le rôle cathartique du cinéma pour le public. Par ailleurs, Damien Chazelle s’intéresse aux chamboulements techniques qui concerne la prise de son lors de la transition entre le muet et le parlant. Le réalisateur prend ici le parti de l’humour, et choisit l’excès et la démesure.
Babylon, long métrage excentrique aux spectacles grivois et aux immenses décors est pensé tel un hommage au cinéma, comme en attestent les scènes conclusives qui convoquent plusieurs films vecteurs de progrès au fil des époques. La musique signée Justin Hurwitz, entraine le spectateur dans la frénésie des années folles et constitue une part importante voire indissociable de l’oeuvre de Damien Chazelle si bien qu’elle a déjà obtenu le Golden Globes de la Meilleure musique de film.
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