Mis à jour le 28 août, 2014
En 2004, alors connu pour son interprétation du personnage de J.D. dans la série Scrubs (2001-2010), Zach Braff décidait de passer derrière la caméra. En abordant les relations douloureuses d’un jeune acteur et de sa famille, Garden State proposait une combinaison osée d’humour noir et d’émotions pour un premier long métrage touchant de sincérité. Plébiscité par le public et récompensé au Festival de Sundance par le Grand Prix du Jury, le coup d’essai se révéla être un coup de maître. Fortement attendu, Le Rôle de ma vie signe le retour de Zach Braff à la réalisation. Ce second long métrage tient-il ses promesses ?
Puissance de vie
Comme pour son premier long métrage, Zach Braff endosse le double rôle de réalisateur et d’acteur. Comédien au chômage, Aidan Bloom laisse son épouse (Kate Hudson) subvenir aux besoins de sa famille. Lorsque son père lui apprend être atteint d’un cancer incurable, Aidan va chercher à reconsolider les liens de son environnement familiale.
Co-écrit avec son frère Adam, le scénario de Zack Braff prend la forme d’un récit chorale. Si Aidan est l’élément central de l’histoire, chaque personnage participe activement au développement du drame. Qu’elles soient sentimentales ou parentales, les relations évoquées par le film ne sont jamais uniques mais partagées par l’ensemble des protagonistes. Il est justement question de partage ici, ainsi la quête initiatique de Aidan est fondée sur le contact et le dialogue avec l’Autre. Bien que le film n’échappe pas toujours aux facilités de la symbolique, l’humour, savamment dosé, permet au cinéaste d’éviter les lourdeurs inhérentes à son sujet. Des réconciliations aux promesses, en passant par les regrets et les retrouvailles, l’approche de Zach Braff touche par sa justesse.
Il se dégage de cette œuvre une irréductible puissance de vie, une lutte contre le désespoir. Sur son lit de mort, le père évoque au fils un souvenir sublimé par la description de lucioles imaginaires. Ainsi du propos de Zach Braff : refuser l’adieu définitif par une vision sans cesse renouvelée afin de retrouver près de soi la communauté que l’on croyait perdue.
Cinéma d’auteur ?
Les interrogations soulevées par Zach Braff dans Le Rôle de ma vie font souvent écho à celles de son premier long métrage. Ainsi se pose la question de l’auteur et de ce que cette étiquette implique. Le Rôle de ma vie ne se pose malheureusement pas comme un prolongement ou un développement de Garden States mais plutôt comme une reprise ou une modulation. On pourra rétorquer que les questions formulées par Zach Braff sont existentielles et ne pourront de ce fait dépasser le stade de la construction. Néanmoins certains aspects du premier long métrage manquent au second. Garden States profitait de l’audace d’un jeune réalisateur qui n’avait pas peur d’utiliser le cinéma comme langage. Le Rôle de ma vie est plus sage dans sa mise en scène, plus classique; les dix ans écoulés entre les deux films induisent probablement la faible prise de risque de Zach Braff, désireux avant tout de satisfaire son public .
Difficile de parler de cinéma d’auteur sous cette perspective, même si Le Rôle de ma vie confirme la présence de certaines thématiques comme une constante du travail du cinéaste. Il manque encore la présence d’un style que l’on espère (re)trouver dans un prochain long métrage. Souhaitons que cette fois-ci l’attente soit de courte durée.
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