Melissa Lucio est la première femme hispano-américaine condamnée à mort au Texas. Accusée d’avoir tué sa fille de deux ans, cette mère pauvre et droguée, coche toutes les cases de la coupable idéale. Pourtant, son histoire qui regorge de zones d’ombres, va se révéler bien plus complexe qu’elle n’y paraît…
Le cinéma permet de montrer, de dévoiler, de prolonger le regard vers un monde inconnu ou inaccessible, parfois cabossé et noirci. Au-delà des champs, des chevaux, des puits de pétrole, Sabrina Van Tassel agrandit notre vision du Texas en révélant la froideur, l’effroi, l’horreur des couloirs de la mort.
Construit sur un scénario efficace et saisissant, L’Etat du Texas contre Melissa rembobine les circonstances pénales portées sur une mère pauvre, hispano-américaine accusée d’avoir tué sauvagement sa petite fille. Dès l’ouverture, on rentre dans le vif du sujet: Sabrina Van Tassel choisit de commencer par le dernier enregistrement d’interrogatoires horrifiques, montrant Melissa Lucio contrainte de frapper une poupée pour simuler sa fille morte.
La rencontre entre Sabrina Van Tassel et Melissa Lucio ne devait probablement rien au hasard, tant l’engagement sur les problèmes sociaux et politiques d’aujourd’hui motive la réalisatrice, et tant le fait divers défraye la chronique. Au bout du téléphone, séparées d’une vitre, la prisonnière est regardée avec humanité, probablement pour la première fois, par la cinéaste. Là où tout l’accuse, où tout la qualifie de monstre, il suffit que sa caméra se pose sur elle, la première femme hispano-américaine condamnée à la peine de mort dans l’état américain du Texas, pour nous atteindre et nous sensibiliser au milieu carcéral. Ces plans symétriques où l’accusée fixe l’objectif semblent figer le temps.
Le documentaire se veut une sonnette d’alarme contre le système policier et judiciaire faussé. La réalisatrice bouscule l’institution américaine en secouant les codes, les injustices et l’immoralité du pays. Entremêlant des vidéos d’archives, des témoignages poignants de proches et de membres de la juridiction, nous sommes pris d’un frisson face à l’atrocité des faits et la tristesse qui ressort des témoignages. Par ce portrait émouvant d’une femme impuissante, elle libère la parole de toutes les victimes d’inhumanité, jugées uniquement sur leur apparence raciale et leur environnement social. Elle va au-delà des évidences, elle va au-delà du mot « coupable » qui désigne cette femme démunie face au système. Chacune des révélations, au fil des étapes de l’affaire, nous abasourdit. A aucun moment, nous n’avons la possibilité de souffler, tellement le film nous tient, nous émerveille, nous captive, et nous fait évoluer psychologiquement.
Sombre, dénonciateur, déchirant et exceptionnel, L’Etat du Texas Contre Melissa , pur bonheur cinématographique, met de la lumière sur des ténèbres.
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