Mis à jour le 28 février, 2019
Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même.
Gueule d’Ange est le premier film de Vanessa Filho. Ecrit avec justesse par sa réalisatrice, sans oser espérer l’impossible : avoir pour interprète la star pour qui elle avait écrit : Marion Cotillard.
L’actrice est extrêmement impressionnante dans ce rôle de cagole alcoolique et irresponsable, quelque part entre Marilyn et la trashissime Anna Nicole Smith. Loin de pourtant sous-estimer son talent, on n’imaginait pas l’actrice française aussi percutante, crédible et touchante dans ce registre inédit. Elle avait jadis vaguement joué une bimbo (tout de même d’un genre un peu plus soft) dans Les jolies choses, avant que ne vienne la gloire qui la propulsa en tant que star mondiale.
Blonde décolorée, mal maquillée, juchée sur des talons, en mini robe et décolleté, Marlène est capable, le soir de son mariage, de tromper son nouveau mari dans un sous-sol de cuisine, et d’être à la frontière ténue de la maltraitance de sa petite fille, qui est plus un appui que quelqu’un dont elle est responsable.
La petite Elli (Ayline Aksoy-Etaix, qui avait seulement 7 ans lors du tournage) grandit comme une herbe folle, accompagnant cette mère borderline qu’elle aime tant, jusqu’à l’imiter en se mettant à boire (!) systématiquement des fonds de verres ou la « couvrir » en disant des phrases dictées quand l’assistante sociale passe.
Du jour au lendemain, Elli se retrouve livrée à elle-même, la seule personne venant la visiter étant la meilleure amie de Marlène, la non moins trash Chiara (Amélie Daure) qui déclare forfait dès sa première visite, ne sachant pas « s’occuper des enfants ».
La durée de la période d’abandon total de la petite Elli est ambiguë, et la petite fille cache cette situation à l’école (où elle devient une sorte de bouc émissaire, comme si les enfants de cet âge, cruels, savaient déceler la faille de ceux qui ne vont pas bien). Sans père (sa mère lui a expliqué qu’elle était issue d’une étreinte furtive dans le noir), Elli va se choisir un homme touchant et fragile, Julio (Alban Lenoir) en guise de parent de substitution.
En regardant Gueule d’ange, on pense étrangement à My little princess, alors que le schéma n’est pas tout à fait le même. Mais la maltraitance (moindre), la dévotion de la petite fille blonde à sa mère et prête à tout pour obtenir l’amour de celle-ci nous rappelle le film d’Eva Ionesco.
Gueule d’ange est imparfait. Le scénario est, comme on l’a dit, fort bien écrit, donnant vie à des personnage puissants et étudiés. L’impact de l’oeuvre doit beaucoup à la performance inattendue et impressionnante de Marion Cotillard. Quelques longueurs ou maladresses ne font pas du film un chef-d’oeuvre mains néanmoins un film à voir, assurément.
Pour voir l’accueil réservé à Gueule d’ange lors de sa présentation à Cannes en sélection Un Certain Regard, c’est ici :
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