Anne Walberg est une célébrité dans le monde du parfum. Elle crée des fragrances et vend son incroyable talent à des sociétés en tout genre. Elle vit en diva, égoïste, au tempérament bien trempé. Guillaume est son nouveau chauffeur et le seul qui n’a pas peur de lui tenir tête. Sans doute la raison pour laquelle elle ne le renvoie pas.
Parmi les sorties cinéma post-confinement, Les Parfums nous semble la proposition la plus intéressante; une comédie-romantique suffisamment intelligente, drôle à sa façon, et positive, qui respecte les codes du genre, tout en laissant place à une touche d’originalité. Le deuxième long métrage de Grégory Magne, sortie 8 ans après son premier, peut effectivement satisfaire un public qui cherche à se divertir et passer un bon moment dans la salle du cinéma. Mais, au-delà de ce premier ressenti, le film nous a plu par son scénario juste, la profondeur psychologique de ses personnages vue au travers des chemins personnels qu’ils traversent, mais aussi par l’interprétation des deux acteurs. Et ce, même si la qualité de l’image et de la mise-en-scène, très insignifiante dans l’ensemble, n’arrive pas à atteindre celle du scénario.
Les parfums raconte l’histoire d’un contraste, d’une différence profonde de caractère entre deux personnes, moteur à leur évolution. Leur relation commence par un manque de respect et de compréhension, par un conflit de pouvoir non-dit. Elle passe ensuite par différentes étapes: la confiance, la reconnaissance, le rapprochement, l’amitié, l’amour. Le réalisateur regarde cette évolution avec finesse.
Même si les personnages secondaires semblent moins travaillés, Le film se concentre bien sur ses deux personnages principaux sans se disperser. Nous commençons à connaitre une femme particulièrement orgueilleuse et solitaire qui se voit comme le Beethoven du parfum. En face d’elle, un homme simple, sociable, franc, et modeste, qui s’avérera bon psychologue.
Anna – Emmanuelle Devos – commence par le considérer comme son larbin, son majordome, lui fera jouer le rôle d’escort, pour finir par l’estimer : il devient collègue puis ami proche.
Guillaume – Gregory Montel – commence par s’irriter de ses impolitesses et grands airs, souhaite mettre fin à la mission qu’elle lui confie. A mesure qu’elle s’humanise, qu’elle l’écoute, qu’elle l’aide à prendre confiance en lui, il s’attache à elle et à son univers. Développer un nouveau talent (se sensibiliser aux parfums) sera pour lui une clé symbolique à son propre épanouissement.
Inspiré des comédie-romantiques américaines (Miss Daisy et son chauffeur est le premier exemple qui nous vient à l’esprit) le film tient à la richesse et à la complexité des personnages et à la capacité des acteurs à passer délicatement du comique au dramatique.
Emmanuelle Devos épouse correctement le rôle, dans un registre différent de celui qu’on lui connaît. Mais la performance de Grégory Montel se remarque plus encore, lui qui avait été découvert dans le premier film de Grégory Magne, L’Air de rien en 2012. Nous souvenons également son charmant rôle dans Les Chatouilles il y a deux ans, ainsi que sa participation dans la série populaire Dix pour cent.
Dans Les Parfums sa gestuelle décontractée traduit parfaitement l’assurance de Guillaume; elle crée une alchimie avec le style rigide d’Emmanuelle Devos. L’effet ainsi produit, tout comme la relative subtilité de l’écriture – les dialogues présentant quelques saillies bien ficelées, à l’humour astucieux -, rendent le film agréable à regarder.
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