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Tout pour être heureux une alerte comédie bien écrite

Mis à jour le 20 avril, 2016

Antoine, bientôt quarantenaire, dilettante, égoïste et insatisfait ne s’est jamais réellement senti investi d’une mission pour s’occuper de ses filles, âgées de 5 et 9 ans. Infantilisé par sa femme Alice, Antoine n’arrive pas à trouver sa place dans son foyer et décide subitement de la quitter pour une histoire sans lendemain. Lorsqu’Alice lui confie leurs filles quelques jours par surprise, Antoine va se retrouver sur un continent inconnu. Et alors qu’il était incapable d’assumer son rôle de père à l’intérieur du noyau familial, il va finir par devenir une véritable « mère juive ».
Après avoir quitté sa femme par nostalgie de sa liberté d’antan, le nouvel Antoine va se retrouver confronté à une nouvelle nostalgie, celle de sa vie de famille…

Une énième comédie française nous direz-vous, qui plus est sur un thème plutôt récurrent, mais qui fonctionne plutôt bien en général, celui de la crise générationnelle. Au tour de Manu Payet de s’y coller. Il faut dire qu’il représente plutôt bien, en apparence en tout cas, l’homme enfant, qui aime à continuer de jouer de sa liberté, quitte à fuir ses responsabilités … On lui confie donc ce rôle de musicien – batteur- ayant connu un succès d’estime assez rapide, mais qui a délaissé la scène, son premier amour, sous prétexte de se consacrer à son second amour, sa femme. Plus exactement, il lui apparaît clairement qu’il se sacrifie pour elle, qu’il a mis de côté ses ambitions premières pour elle. Cela, il lui reproche secrètement, tout comme il lui reproche d’être une femme qui a perdu sa joie de vivre, qui ne s’amuse plus, devenue une working girl qui a pris le dessus sur sa personnalité, qui l’écrase. Cyril Gelblat a choisi Audrey Lamy pour jouer ce rôle d’avocate présentée sous deux angles principaux, celui de la mère moderne donc, qui jongle entre ses responsabilités au travail et de mère, mais aussi celui de la femme qui n’en peut plus de l’oisiveté, de la légèreté, plus globalement du comportement égoïste de son mari, et qui le lui reproche. Leur vie de couple est présenté d’un point de vue très peu flatteur, celui de la dispute quotidienne – un petit rien devient un reproche, qui devient une dispute. Les mots doux fusent, se hurlent. Le point de rupture est très proche.

Cyril Gelblat nous confie qu’il a choisi Audrey Lamy en rupture avec tous ces réalisateurs qui optent pour une actrice qui incarne plus le « sois belle et tais-toi », il souhaitait réellement une actrice qui dégage une force, une personnalité. Bien vu de sa part, car son histoire n’est pas centrée sur le personnage d’Audrey Lamy, son sujet est plus ample, et pour le traiter correctement dans un format comédie grand public, il était nécessaire de ne pas trop développer ce personnage.

Le sujet, nous le disions tourne bien davantage autour du personnage de Manu Payet, plus exactement sur son comportement présent, et son évolution. Le titre est plus que jamais évocateur, il s’agit de démontrer que ce personnage là, reflet de l’homme moderne, se trompe quand il se croît victime d’une féminisation de la société, et qu’il a au contraire, tout pour être heureux s’il sait ouvrir les yeux.

Cette comédie est donc portée dans sa seconde partie par un vent d’optimisme qui sied parfaitement à la comédie grand public, sans tomber dans le travers de la mièvrerie pour autant – il le doit à la qualité de l’écriture. De nombreux thèmes secondaires viennent enrichir cette narration, alerte en elle même et qui donne lieu à sourire assez souvent, agréable à regarder en tout cas. Il est sans cesse question d’amours.

La musique, son envers et son décor par exemple, occupe une place de choix, et Cyril Gelblat a pris soin de choisir une jeune chanteuse Joe Bell, qui puisse être crédible pour incarner  une artiste programmée pour être la nouvelle sensation musicale, la future Lana Del Rey par exemple. On ne peut lui donner tort quand il affirme que tout autre choix aurait eu pour effet de produire un effet contraire à celui qu’il recherchait: la crédibilité.

Ces thèmes secondaires sont aussi confiées à des seconds rôles confiés, avec propos, par exemple à Pascal Demaulon -duo de radiostar reconstitué- ou à Aure Atika.

Ce souci là peut paraître un détail – et il en est un, mais il illustre la qualité de la production, la comédie fonctionne de ce fait, par son rythme et sa densité.

Si vous avez envie d’en savoir davantage, nous vous invitons à regarder l’entretien qui suit avec Joe Bell et Cyril Gelblat.

 

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